Congoscope

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mercredi, août 16, 2006

Echec de Doha ou continuité d'un monde toujours aussi inégal

Les négociations du cycle dit de Doha , cadre de discussions entre pays membres de l'OMC dont l'objectif était de réduire l'inégalité dans le commerce international par l'ouverture du marché alimentaire des pays les plus "avancés" aux producteurs des pays les moins "avancés" , viennent d'avorter . Les Etats Unis et la France , piliers de l'organisation , à vol d'oiseau d'écheances électorales nationales n'ont pas daigné bouger d'un fifrelin ..... Une éventuelle réouverture des tractations est jugée "impensable avant les écheances nationales des deux pays" selon des sources familières de l'organisme international .Stricto sensu , pas avant 2007 .



Débutée en 2001 , ces négociations avaient pour but d'offrir au monde une globalisation plus inclusive pour les pays pauvres en limitant les barrières tarifaires et les subventions agricoles des pays mieux nantis.
Malheureusement , les paysans , producteurs du Sud , africains singulièrement devront encore broyer du noir un bon bout de temps , l'amélioration de leur quotidien et celui de millions de pauvres africains sacrifié , brâdé sur l'autel d'intérêts purement égocentriques . Ils devront continuer à subir le pillonage interminable des puissantes économies bénéficiaires de la mondialisation qui à longueur de journée ne cessent de déverser leurs flots de denrées , marchandises "Made in USA" , " Made in China" , "Made in France" sur un continent en mort clinique sous respiration artificielle des aides au développement alors qu'un commerce international plus équilibré rapporterait à l'Afrique largement plus que les 60 milliards d'euros annuels d' aide au développement consentis par les pays "avancés" du Nord .
Deux obstacles imposants se dressent impitoyablement devant ce voeux pieux : Les barrières tarifaires occidentales = plus hautes que celles de l'enclave de Ceuta= consolidant un protectionnisme qui ne dit pas son nom et les différentes subventions agricoles dont celles à l' éxportation qui sont les plus mortelles pour les fragiles économies africaines . Cas pratique du fromage sud africain . Les producteurs de fromage sud africain connaissent des temps difficiles , en effet les prix des fromages étrangers cassant toute concurrence possible . Sur les échopes de Johannesburg , le fromage sud africain équivaut à près de 4 , 50 euros le kilo alors que le fromage irlandais lui ne vaut que près de 3,90 euros ! Comment est ce possible ? Les producteurs locaux sont ils si poussés au bénéfice ? La réponse est des plus renversantes...

En effet , les producteurs irlandais bénéficient de subventions à l'exportation à hauteur de 100000 euros la tonne de fromage exportée ! Grosso modo plus ils exportent , plus ils sont retribués !

Scandaleux , cynique vous direz , celà n'est rien quand on sait que le gouvernement de Pretoria ne peut refuser cette situation sinon il serait taxé d'ultra=protectionniste , de mauvais joueur du commerce international même passible de sanctions ! De plus quand l' Afrique du Sud à son tour veut introduire ses produits en Irlande , les plénipotentiaires du commerce local irlandais se perdent en conjectures et circonlocutions se cachant derrière un fumex rideau de directives européennes et de lois locales tout en leur demandant poliment d'attendre le dénouement du cycle de Doha , actuellement renvoyé aux calendes grecques ...

L' exemple du fromage sud africain n'est qu'un cliché allégorique de ce commerce international injuste , cynique , dévastateur que Joseph Stilgitz * , prix Nobel d'économie en 2001 et acharné défenseur d'une "mondialisation à visages humains" définit dans son ouvrage nommé à escient , La Grande Désillusion , comme "une grande hypocrisie c'est à dire prétendre aider les pays en développement alors qu’on les force à ouvrir leurs marchés aux produits des pays industriels avancés, qui eux-mêmes continuent à protéger leurs propres marchés , ces politiques étant de nature à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres et plus furieux " .

Comme quoi en 2006 , La Fontaine n'est toujours pas démodé : " La loi du plus fort est toujours la meilleure" . Le monde est toujours aussi scandaleusement inégal.

*
Né en 1943 à Gary dans l’Indiana, Stiglizt est considéré comme l’un des économistes les plus brillants de sa génération. Au cours de sa carrière universitaire, qui l’a mené à Yale, Princeton, Oxford et Stanford, où il enseigne actuellement, il a notamment contribué à créer une nouvelle discipline, l’économie de l’information. En 1993, il fait le grand saut : il entre dans le très fermé Council of Economic Advisers de la Maison blanche, où il devient le principal conseiller économique de Bill Clinton. En 1997, il intègre la Banque mondiale en tant qu’économiste en chef et vice-président. Mais le parcours de « Joe » Stiglitz connaît son premier bug en l’an 2000. En janvier, il démissionne avec fracas car il estime que la tutelle du FMI ne lui laisse pas les coudées franches pour faire une réalité de la devise de la Banque mondiale : « Notre rêve : un monde sans pauvreté ».

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Sur ce point au moins on peut s'entendre , les congolais oublient souvent que le monde éxiste autour d'eux et que la mondialisation joue un rôle de premier plan .

1:01 PM  

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