Congoscope

Blog de l'actualité congolaise online , haut lieu du choc d'idées et de concepts pour le décollage de notre cher et beau Congo.

mercredi, juillet 22, 2009

Maker Mwangu : « Nous avons crée un million de places supplémentaires dans nos classes »



De passage à Bruxelles , en provenance de Tunis où il a représenté la RD Congo à un séminaire africain organisé par la Banque Mondiale , la Banque Africaine de Développement et l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique sur le secteur de l’éducation en période de crise avec pour thème ‘‘Soutenir la dynamique éducative en Afrique dans le contexte de crise financière mondiale actuelle’’ , Maker Mwangu , ministre de l'EPSP (Enseignement primaire , secondaire et professionnel) s’est prêté à une interview de RadiowebTV Yambi .


Selon le ministre de l’EPSP , le chantier ‘’éducation ’’est en marche et cela malgré l’environnement de crise actuel . Le gouvernement congolais fait de son mieux pour accroître les ressources à allouer à l’éducation nationale « passé de 1 % quand le cuivre rapportait beaucoup d’argent au pays à près de 10 % aujourd’hui en période de crise » d’après Maker Mwangu dont « 90 % sont alloués à la paie des enseignants » . Tout en jugeant cela « insuffisant » , il «croit dans les efforts du gouvernement à augmenter substantiellement » le budget ‘’éducation’’ .


Concernant sa ‘’baguette magique’’ pour la rapidité de publication des examens d’Etat , deux semaines à peine après leur tenue , Maker Mwangu révèle qu’il ne fait qu’ appliquer les recommandations du chef de l’Etat « qui ne trouvait pas normal que les jeunes frères qui présentent les examens d’Etat avaient leurs résultats en février , ce qui les plongeaient dans une spirale d’échec soit reprendre l’examen ou continuer alors que les autres avançaient déjà » . Pour lui , le succès de cette opération réside dans « l’informatisation de la correction des examens d’Etat via un nouveau logiciel crée à cet effet » .


Questionné sur un bilan à mi-parcours sur le chantier « éducation » , composante à part des 5 chantiers , le ministre se refusant à tout bilan , se prononce sur les « objectifs assignés par le gouvernement » qu’il définit en trois axes « qualité , accès et infrastructures » . Sur le premier axe , ‘’qualité’’ , Maker Mwangu assure qu’il fait tout« pour améliorer la qualité de notre enseignement » par le biais de la « formation des enseignants et l’acquisition de manuels scolaires pour les élèves » . Sur l’accès , le ministre révèle que sur « 18 millions d’enfants scolarisables en RDC , près de 4 millions ne fréquentent pas l’école , cela dû en partie aux frais scolaires » , comme solution , Maker Mwangu désigne sa politique de « régression progressive des frais scolaires » qui a permis selon lui d’ouvrir l’école à un million d’élèves supplémentaires l’année passée . Sur le plan des infrastructures , il affirme que « sur 49000 écoles répertoriées en RD Congo , plus ou moins 10000 sont privées et 39000 , à peu près étatiques , dans état de délabrement avancé » , tout en jugeant « insuffisant » la cadence annuelle de 150 écoles rénovées annuellement depuis son accession au ministère , le numéro un de l’enseignement congolais en appelle à « une sensibilisation des communautés de base afin qu’elles s’impliquent dans la rénovation des écoles comme à l’époque où tout le village se réunissait autour d’un abbé pour construire une église » .


A propos de l’école professionnelle , parent pauvre de l’enseignement congolais , Maker Mwangu dévoile les résolutions de la table ronde du sous-secteur dont l’un des objectifs est d’atteindre à peu près 50 % d’écoles techniques et professionnelles en par rapport aux maigres 10 % actuels .

Pour Maker Mwangu , la rentrée scolaire 2009-2010 aura bien lieu et espère qu’elle sera « moins mouvementée » que les précédentes car il a institué « un dialogue permanent avec les syndicats qui permet de régler les problèmes en amont » .


Ancien étudiant à Paris donc au fait de la situation de la diaspora , Il définit ‘’la rupture’’ du pouvoir à Kinshasa et de la diaspora congolaise comme « un problème de communication » et qu’il faut « parler et canaliser les efforts des uns et des autres pour le développement du Congo » .


Sur un plan plus politique , l’ancien secrétaire général adjoint du PPRD « appuie à 100 % le président Kabila » dans son chambardement judiciaire de la semaine passé qui « va dans le sens des préoccupation de la population » . A l’horizon 2011 , Maker Mwangu se définit avant tout « en homme politique avant d’être ministre » et assure qu’en période électorale il va « défendre les idéaux de son parti et ceux du Président de la République ».


Interwiew audio à écouter sur www.radiotvyambi.net


mercredi, juillet 15, 2009

Joseph Kabila purge l’appareil judiciaire congolais (update)



Le président de la république vient de provoquer un grand chambardement dans l’appareil judiciaire par le limogeage du Procureur général de la République ainsi que de plusieurs magistrats du siège dont certains venaient d’être condamnés pour des faits infractionnels .

En tout , six conseillers près la Cour Suprême , quatre premiers présidents de cour d’appel , dix présidents de cour d’appel , vingt conseillers de cour d’appel , six présidents de tribunaux de grande instance , trente-quatre juges d’instance , trois présidents de tribunaux de pais et juges de paix ainsi que certains magistrats civils du ministère public dont le procureur général près de la Cour suprême Bosongo .

Selon son conseiller juridique que nous avons contacté immédiatement après la publication du décret , le président Kabila veut , ainsi , combattre dol , concussion et corruption qui sévissent dans la justice congolaise . En outre , le président Kabila a nommé Bemwezi Kienda , premier président de la Cour Supreme en remplacement d'Etienne Ntinkamaniere , mis à la la retraite . Le nouveau Procureur général de la République remplaçant Mushagalusa Ntayondesa , mis à la retraite , est Kabange Numbi .

mardi, juillet 14, 2009

Reçu par le Roi des Belges ,Henri Mova Sakani formellement ambassadeur au Benelux et à l'UE










C’est fait ! Ce mardi 14 juillet 2009, les relations diplomatiques entre Kinshasa et Bruxelles se sont formalisées au niveau des représentations diplomatiques. En effet, c’est ce jour - symbole de la Libération pour la France qui fut la puissance tutélaire de la Belgique - que Henri Mova Sakanyi (HMS) a franchi le portail de Laeken, palais royal belge, pour présenter officiellement au roi Albert II ses lettres de créance en qualité d’ambassadeur de la RDC en Belgique.


L’audience traditionnelle a duré une quarantaine de minutes, et c’est une première dans l’histoire des deux Etats car, généralement, elle se limite à 15 ou 20 minutes.

C’est que l’événement, comme on dit, a valu son pesant d’or. Le roi ne pouvait que vouloir en savoir davantage sur le Congo où, on peut s’en assurer, il se rendra pour le Cinquantenaire de l’Indépendance de ce pays, autrefois « propriété » de son arrière grand-parent Léopold II et colonie belge.


Evidemment, Mova Sakanyi s’est prêté à l’exercice ; sa note biographique le présentant, du reste, en homme politique, en homme des sciences et en homme de culture.


Il y a lieu de noter que depuis 1990 – en dehors d’Albert Kisonga nommé par M’Zee Laurent-Désiré Kabila – Henri Mova Sakanyi est le seul diplomate congolais en poste à Bruxelles à jouir de cet honneur. Ni Justine Kasa-Vubu, ni Jean-Pierre Mutamba n’ont eu accès à Laeken. Quant à Kimbulu, sous Mobutu, il était simplement tenu à l’écart à la suite des événements ayant caractérisé la première phase de la Transition entre 1990 et 1997.


C’est bien la preuve qu’au cours de ces 19 dernières années, les relations diplomatiques entre la RDC et la Belgique ont évolué en dents de scie.


En cette année jubilaire « 2009-2010 » du Cinquantenaire de l’Indépendance de la RDC, Kinshasa et Bruxelles ont convenu de se donner de signaux forts.


Le choix d’Henri Mova Sakanyi s’explique dans cette logique. Non parce que le premier ambassadeur congolais, sous la 1ère Législature de la IIIème République, à être reçu par le roi des Belges est natif du Katanga, mais parce qu’au plan de la formation académique et à celui du cursus politique, l’homme dispose d’atouts forçant l’admiration.



Qui est Henri Mova Sakanyi ?


En effet, pour sa formation, il est docteur en Relations internationales et pour la politique, il appartient à la « Révolution Kabila » du 17 mai 1997 et, actuellement, il est membre du Pprd, parti ayant pour initiateur le Président Joseph Kabila Kabange.


Il faut bien noter qu’il est l’un des rares ambassadeurs congolais accrédités à Bruxelles, sinon le seul, à être spécialiste en Relations internationales à ce niveau ; la majorité de ses prédécesseurs étant uniquement des politiques.


Sa Note biographique signale qu’il est né à Lubumbashi le 10 novembre 1962.

Chef de Travaux (Maître de Conférences) à l’Université de Lubumbashi, il est professeur à l’Université de Kinshasa depuis 2008.


Plusieurs fois membre du Gouvernement central entre 1997 et 2007, il a été tour à tour ministre des Transports et Communications, ministre de l’Environnement, Affaires Foncières et Développement Touristique, Vice-Ministre des Affaires Etrangères et ministre de l’Information et Presse et Porte-parole du Gouvernement.


Présent dans la diplomatie depuis 1998, il a aussi été tour à tour ambassadeur désigné en France, ambassadeur désigné en Israël et ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Fédération de Russie. Comme pour dire de la confirmation de sa désignation comme ambassadeur en Belgique procède d’un long processus.


Au même chapitre, il y a lieu de retenir qu’il a été désigné Envoyé spécial pour le dégel des relations entre la RDC avec l’Union Européenne, le Portugal, la France, la Belgique, l’Italie, l’Argentine, le Brésil, l’Israël et le Japon. C’est qui explique sa qualité de Conseiller à la Présidence de la République en charge des Questions stratégiques, entre 1999 et 2000.

On retiendra qu’il a, en plus, évolué dans le Portefeuille au poste de président du Conseil d’administration de la Rva (Régie des voies aériennes).


Journaliste et opérateur culturel (il est écrivain, universitaire, essayiste, compositeur de musique, poète, dramaturge et conférencier), il a créé « SAFARI », une maison d’édition, de production et de consulting dont il est le directeur général. C’est sous le label « SAFARI » que sont publiés jusque-là des recueils de poèmes tels que « Sinuosités, mots d’amour pour maux d’amour » et « Arboretum » ; des ouvrages politiques tels que « De Laurent-Désiré KABILA à J.KABILA. La vérité des faits », « Laurent-Désiré KABILA, l’actualité d’un combat. Sept ans après… », « La guerre d’agression contre la RDC : enjeux et vois de sortie durables », « De l’agression contre la RDC : engagement et mise en œuvre de la responsabilité du Rwanda et de l’Ouganda », mais aussi des ouvrages à caractère scientifique comme « La science des Finances publiques », le « Droit International Humanitaire »…


Attaché à la marche du Monde, il est à la tête du CISRI ou Centre d’Etudes Stratégiques et des Relations Internationales.


De sa bibliographie, on peut relever aussi des titres comme « Traité de Non prolifération nucléaire : la trahison américaine, article scientifique », « Génocides et géopolitiques dans les grands lacs : conférence à Bruxelles », « Immigrations et sous-développement : la nouvelle problématique des rapports Nord-Sud, article et série », « Le maintien de la paix dans le système international » et « Comprendre la guerre froide et la mondialisation » publié en trois tomes.


Pour information, sa thèse de doctorat est intitulée : « L’Ordre de Yalta à l’épreuve de la Perestroïka et de la Mondialisation. Théories et Pratique des Relations Internationales en mutation ».


Homme politique, homme de culture, Henri Mova Sakanyi est également activiste des Droits de l’Homme. Sa Note biographique signale qu’il fut Représentant de la section katangaise de l’Association Zaïroise de Défense des Droits de l’Homme (Azadho). C’est en cette qualité qu’il va initier « Solidaires entre nous », structure qu’il qualifie lui-même de « précurseur du Ministère des Droits humains en RDC ».


Il dispense des cours portant sur les « Droit International Humanitaire », et « Droit Constitutionnel et Institutions politiques ».


Il y a lieu de ne pas oublier sa spécialité en finance et en économie ! D’ailleurs, sa mémoire de licence a pour titre : « Incidence de la dette extérieure sur le développement de l’Afrique subsaharienne ».


Outre « La science des finances publiques », sa bibliographie, en cette double matière, comprend notamment des titres ci-après : « Plaidoyer pour l’établissement des marchés boursiers en Afrique », « Modèle de développement et endettement extérieur : conférence aux 6èmes journées Scientifiques Economiques, Université de Lubumbashi » et « La dynamique de l’économie africaine face aux mutations internationales ». En tant que professeur d’université, il dispense 5 cours, à savoir : « Questions monétaires et bancaires », « Problèmes monétaires internationaux », « Economie du développement », « Civisme et développement » et « Relations économiques internationales ».

C’est donc un « crack » qui prend les choses en mains.

Bien des bonnes choses .


Pour la première fois probablement depuis 1960, Bruxelles accueille ainsi un ambassadeur « multidimensionnel », un ambassadeur au fait de la plupart des sujets sensibles, au nombre desquels ceux « qui fâchent » dans les relations « RDC-Belgique ».


Debater reconnu, Henri Mova Sakanyi est envoyé au front le plus intéressant qui soit pour l’instant pour le Congo post-électoral et post-conflit : celui de la Reconstruction nationale aux plans politique, économique et social.


Pour ne pas éparpiller les efforts au niveau du Benelux, le Président Joseph Kabila l’a désigné pour la même charge près le Pays-Bas, le Luxembourg et, tout naturellement, l’Union européenne.


Le jubilé du Cinquantenaire augure bien des bonnes choses pour l’axe Kinshasa-Bruxelles.



Omer Nsongo die Lema


dimanche, mai 24, 2009

Le témoignage de Mwissa Camus sur le général Mbuza Mabé






Depuis les évènements de Bukavu et la bataille de Kamanyola qui rappellent étrangement les guerres livrées par l’armée zaïroise, il y a près de trois décennies, pour libérer la ville de Bukavu, de l’occupation des mercenaires de Schramme et reconquérir la plaine de Kamanyola, des hordes mulélistes, le nom d’un officier y est associé au péril de sa vie, le général Mbuza Mabe.

« L’homme de Bukavu» ou la personnification de la tradition guerrière du peuple Budja !

A Bukavu et Kamanyola, les généraux Mulamba et Mahele, et aujourd’hui le général Félix Mbuza Mabe Nkumu Embanze. À 65 ans révolus, explique Muissa Camus dans son « édito » du lundi 12 juillet 2004, le général Mbuza Mabe descend de la lignée des farouches guerriers Yambata du territoire de Bumba, ces peuplades dont Stanley a eu maille à partir pour les subjuguer au cours de son épopée partie de Zanzibar le 17 novembre 1874 !

Ce dernier, malgré une caravane armée de 29 fusils rayés, 32 fusils à percussion, 2 carabines Winchester et 2 mitrailleuses à double canon, ne vint que très difficilement à bout des intrépides Yambata armés seulement de lances, arcs et flèches.

La légende guerrière des Budjas était ainsi établie, respectée plus tard par les officiers belges de la Force publique et perpétuée dans l’armée congolaise. Les colonels De Decker et Brebonne, les premiers formateurs des régiments commandos à Matadi et Kotakoli ne tardèrent pas à épingler les officiers budjas Bumba, Mahele, Mbuza Mabe... qui devaient compléter plus tard leur formation dans le corps des parachutistes.

C’est ainsi que Mbuza Mabe, intégré dans la garde rapprochée de Mobutu, commandée par le général Mahele, aura l’occasion de suivre la formation des TEM (Techniciens d’état-major) et d’obtenir son brevet de parachutiste (saut en mer avec Mobutu) en Israël.

Et lorsqu’à la fin du régime Mobutu, l’armée zaïroise fut emmenée en captivité à Kitona, le général Mbuza Mabe parvint à s’évader de nuit au moment de l’attaque des Rwandais de James Kabarebe, pour rejoindre Matadi à pied à 150 Km de là, à travers les marais et les futaies.

À Matadi, avec la complicité de quelques hommes d’affaires nationalistes, et déguisé en commerçant juché au-dessus de sacs de manioc, il parvint à gagner Kinshasa et alla se présenter tout droit aux nouvelles forces de sécurité kabilistes. Le contact avec Laurent - Désiré Kabila fut rapidement établi et le général félicité par le président de la République, retrouvera le commandement à Kitona d’abord, à Kananga ensuite, et enfin à Bukavu où il est chargé de préparer le verrouillage de la frontière qui jouxte le Rwanda, quoique une certaine opinion ait cru qualifier cette mutation comme un piège pour l’envoyer à une mort certaine !

Avec ces nouvelles batailles mémorables de Bukavu et Kamanyola, le général Félix Mbuza Mabe entrait ainsi vivant dans le panthéon de ces glorieux soldats qui n’ont pas hésité à verser leur sang pour que vive la Patrie.

In le Phare 23/05/09

Diplomatie RD Congo : Kabila confirme des caciques de Mzee aux postes clés














La dernière sortie médiatique de Joseph Kabila parue dans les colonnes du Soir , propriété des Rossel , n’a pas encore cessé de faire couler encre et salive .

Hormis ses critiques à l’encontre de l’Occident pour sa faible implication dans ses chantiers prioritaires , le président congolais a dans une posture similaire à celle de son père , Mzee Laurent Désiré Kabila quand il voulu se débarrasser de ses comparses de l’AFDL , fustigé son entourage pour son inefficacité à intérioriser et matérialiser sa vision des 5 chantiers .

L’opinion tant nationale qu’internationale retiendra la « quête présidentielle des 15 élus » à placer aux bons endroits pour un démarrage effectif de la machine du développement congolais .

Premières indiscrétions filtrant depuis cette sortie médiatique tonitruante , les nominations dans l’appareil diplomatique sont révélatrices de l’état d’esprit qui prévaut dans les allées du Palais de la Nation .

En effet , pour les habitués des discussions dans les salons huppés du haut de la capitale , on remarque un déploiement sans égal de kabilistes « mzeeistes » aux postes stratégiques de la diplomatie rd congolaise : Mova Sakanyi à Bruxelles , Kikaya Bin Karubi à Londres , Jean Charles Okoto à Kampala et Myra Ndjoku à Paris .

Chouchous du regretté Mzee Kabila qui en aura fait des ministres régaliens pour les uns et ambassadeur dans un pays-clé pour l’autre , ces « présumés choix stratégiques » pourront-il asseoir la vision des 5 chantiers dans leurs nouvelles tâches respectives ? Première interrogation .

La « quête présidentielle des 15 élus » aurait-elle fait des émules dans les archives kabilistes de 1997 à 2001 ? Seconde interrogation .

En patriotes avertis et soucieux du développement intégral de la RD Congo , ésperons simplement que Joseph Kabila a trouvé ses " poids lourds" pour sa bataille d'un Congo fort et uni car il sera seul comptable de son mandat devant le peuple congolais et l' Histoire .

Let's wait and see .

mercredi, mai 20, 2009

Transformation des Entreprises publiques : Le COPIREP s'éxplique enfin



Avec la signature de cinq décrets du Premier ministre portant sur les entreprises publiques, la réforme du portefeuille de l'Etat est entrée dans une phase décisive et irréversible. Alors que le personnel est censé resté en place, il est observé une agitation dans le chef de certains syndicalistes. Pourquoi cette agitation alors que rien ne change pour le personnel ? La situation de ces entreprises nécessite que la thérapeutique de choc. Et l'Etat ne doit pas reculer devant ses responsabilités de défendre l'intérêt du plus grand nombre, c'est-à-dire de la population congolaise. Les menaces de grève brandies par les syndicalistes hostiles à la réforme ne doivent pas arrêter un processus laborieux enclenché depuis 2002. Ce processus devra à terme atteindre son point de chute pour le redressement escompté des entreprises du portefeuille. Pour lever l'équivoque sur ce processus, le secrétaire exécutif du Copirep (Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille), M. Ilunga Ilunkamba secrétaire exécutif du Copirep apporte des éclaircissements sur la transformation des entreprises publiques, le désengagement de l'Etat, le sort du personnel en place dans ces entreprises, … Interview. Lisez.

Quelle est la motivation des décrets publiés par le Premier Ministre en date du 24 avril 2009 en rapport avec les entreprises publiques ?



La publication de ces décrets d'application s'inscrit dans le contexte de la réforme des entreprises publiques dont l'acte fondateur a été le vote et l'adoption, par l'Assemblée Nationale et le Sénat, des 4 lois sur la réforme du secteur du Portefeuille de l'Etat.

Ces lois furent promulguées par la suite par le Chef de l'Etat en date du 07 juillet 2008.

Il s'agit des lois suivantes :


a. La loi portant dispositions générales relatives à la transformation des entreprises publiques : cette loi vise à transformer les entreprises publiques soit :

i. En sociétés commerciales pour celles qui sont du secteur marchand;

ii. En établissements ou services publics, celles qui sont le prolongement de l'administration publique ou poursuivent une mission d'intérêt général.


iii. A dissoudre et à liquider celles qui sont en état de cessation de paiement.


b. La loi portant dispositions générales relatives au désengagement de l'Etat des entreprises du portefeuille : cette loi définit de manière claire les conditions et le processus par lequel l'Etat peut se retirer totalement ou partiellement de la gestion ou du capital d'une entreprise du portefeuille. Cette loi a aussi l'avantage de désigner le Gouvernement comme organe décideur du désengagement.

c. La loi portant dispositions générales applicables aux établissements publics : cette loi définit les modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des établissements publics.

d. La loi fixant les règles relatives à l'organisation et à la gestion du portefeuille de l'Etat : cette loi définit le contenu et l'organisation du Portefeuille, fixe les statuts de l'entreprise de l'Etat ainsi que les modalités pratiques de gestion du portefeuille de l'Etat.

Ce nouveau cadre juridique permet de corriger les faiblesses de l'ancienne loi de 1978, qui mettait sous un seul chapeau et de manière entremêlée toutes les entreprises publiques quels que soient leur objet et la nature de leurs activités, notamment celles qui avaient une vocation commerciale et celles qui poursuivaient une mission de service public.

S'agissant spécifiquement de la motivation de ces décrets, les nouvelles lois sur les entreprises publiques ont prévu dans leurs contenus des mesures d'application pour leur mise en œuvre. C'est dans ce cadre que le Premier Ministre vient de publier en date du 24 avril 2009, cinq décrets portant mesures d'application de l'une ou l'autre des 4 lois sur la réforme des entreprises du portefeuille.

Il s'agit des décrets suivants :


a. Décret portant mesures transitoires relatives à la transformation des entreprises publiques ;

b. Décret portant établissement de la liste des entreprises publiques transformées en sociétés commerciales, établissements publics et services publics ;

c. Décret portant dissolution et liquidation de quelques entreprises publiques ;


d. Décret portant création, organisation et fonctionnement d'un établissement public dénommé " Fonds spécial du portefeuille " ;


e. Décret portant création, organisation et fonctionnement d'un établissement public dénommé " Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises du Portefeuille de l'Etat, COPIREP en sigle ".

Quelle est la différence entre d'une part l'entreprise publique dans sa forme ancienne et d'autre part, l'entreprise publique transformée en société commerciale ?



Cette différence se situe à plusieurs niveaux. Il y a lieu de relever que ne sont transformées en société commerciale que les anciennes entreprises publiques ayant un caractère marchand.

A ce titre elles se distinguent des anciennes entreprises publiques à travers les points suivants :

i. Elles sont régies par le droit commercial au même titre que les sociétés privées alors que les anciennes étaient régies par une loi particulière de droit public ;

ii. Elles sont sujettes à la faillite et à la liquidation contrairement à celles qui fonctionnaient suivant l'ancienne loi ;

iii. Elles ne disposent que d'une tutelle administrative assouplie contrairement au principe de double tutelle en vigueur dans l'ancienne loi et qui pesait lourdement sur leur gestion;

iv. Elles ont des organes de gestion différents et ayant un large pouvoir de décision que ceux qui les dirigeaient sous l'ancienne loi avec un pouvoir limité.
Ainsi donc, les entreprises transformées en sociétés commerciales, quoi qu'ayant l'Etat comme actionnaire unique, adopteront un style de gestion privé et doivent faire preuve d'efficacité économique en visant la performance, la réalisation d'un service de qualité, la rentabilité et une contribution positive au Trésor public. Ces entreprises transformées en sociétés commerciales restent propriété de l'Etat et ne deviennent donc pas privé du fait de leur simple transformation.


Que deviennent alors les anciens organes de gestion ainsi que les mandataires de ces entreprises transformées ?



a. En ce qui concerne celles transformées en sociétés commerciales : Le conseil d'administration est désormais l'organe de gestion assisté du collège des commissaires aux comptes. Les comités de gestion n'existent plus mais la gestion de l'ensemble de l'objet social de l'entreprise est confiée à l'Administrateur-Directeur Général et à son adjoint, s'il en existe. Ces derniers assurent la gestion quotidienne de la société. Les mandataires en fonction restent en place conformément au décret portant mesures transitoires relatives à la transformation des entreprises publiques.

b. Pour ce qui est des entreprises publiques transformées en établissements publics, en attendant la fixation par décret de leurs nouveaux statuts, elles continuent à être dirigées par les conseils d'administration et les Comités de gestion en leurs composition et forme actuelles et ce, conformément au décret portant mesures transitoires relatives à la transformation des entreprises publiques.


c. S'agissant des entreprises publiques transformées en services publics, tous leurs organes de gestion sont dissouts, mais l'ADG et le cas échéant, l'ADGA assurent la fonction de chargé de mission et de chargé de mission adjoint.



Qu'est ce qui change pour les travailleurs des entreprises publiques transformées ?


En ce qui concerne le personnel et conformément au décret portant mesures transitoires relatives à la transformation des entreprises publiques, rien ne change. Tous les contrats de travail en cours de validité restent en vigueur.


La transformation entraîne -t - elle le désengagement de l'Etat ?



De manière générale, la transformation concerne toutes les entreprises publiques. Le désengagement ne peut concerner que celles qui sont transformées en sociétés commerciales et cela au cas par cas, lorsque les circonstances l'exigent. Il y a lieu de préciser ici la distinction totale existant entre la transformation des entreprises publiques et le désengagement.

La transformation est une obligation légale tandis que le désengagement ne l'est pas.

Transformer une entreprise en société commerciale ne veut pas dire que le Gouvernement doit s'en désengager forcément. Le désengagement est une stratégie de réforme qui peut s'appliquer dans certains cas ou non et de plusieurs manières possibles. Il ne faut donc pas faire une confusion entre les deux sujets.

Quelle est la durée du processus de transformation des entreprises publiques et comment cela se passera-t-il concrètement?



La durée de transformation des entreprises ne peut dépasser 12 mois pour celles transformées en sociétés commerciales et pas plus de 3 mois pour celles qui sont transformées en établissements publics et en services publics. La transformation en elle-même est un processus qui consiste à réaliser (pour le cas des sociétés commerciales) notamment les tâches suivantes :

* Analyser la situation de l'entreprise notamment sur le plan financier, comptable et juridique pour étudier tous les paramètres ou contraintes en vue de conduire à un changement de statut juridique.


* Entreprendre toutes les " dues diligences juridiques et financières " préalables à la transformation de l'entreprise en société commerciale.


* Proposer dans ce cadre, les solutions pratiques à ces contraintes préalables à la transformation de l'entreprise en société commerciale.

* Sur la base du bilan 2008 de l'entreprise, " réévaluer " ou " dévaluer " avec des méthodes pertinentes et adaptées à chaque catégorie, tous les actifs et les passifs afin d'établir le bilan de clôture de l'entreprise.

* Préparer le bilan d'ouverture de la nouvelle SARL qui prendra en compte les éléments du bilan de clôture " réévalué " et les effets de décisions éventuelles du Gouvernement concernant les dettes.


* Déterminer le capital social de la nouvelle société qui adoptera la forme de société commerciale.

* Elaborer les nouveaux statuts l'entreprise transformée en société commerciale comme indiqué ci-dessus.


Alors Monsieur le Secrétaire Exécutif, la publication de ces décrets conclut-elle la réforme des entreprises du Portefeuille ?


Pas du tout, avec la publication de ces décrets nous pouvons considérer que le décor est planté pour amorcer et mener en toute légalité le processus de réforme des entreprises du Portefeuille. Les décrets en eux-mêmes ne réforment pas ces entreprises mais fixent le cadre qui permet de passer à leur réforme proprement dite. Et celle-ci, ne peut se faire qu'au cas par cas et dès lors que tous les préalables établis par la loi portant désengagement de l'Etat des entreprises du Portefeuille seront réalisés. En d'autres termes, la réforme des entreprises du Portefeuille, principalement de celles transformées en sociétés commerciales, vise leur redressement en vue de les rendre viables, performantes et capables de rendre les services de meilleure qualité attendus d'elles. Le désengagement de l'Etat, sous quelques formes que ce soient, est une étape ultime qui ne pourrait être envisagé que lorsque toutes les autres solutions n'auront pas donné les résultats escomptés. La loi est bien claire à ce sujet.


Propos recueillis par Didier Munsala

www.lobservateur.cd

Transformation des Entreprises en sociétés commerciales



samedi, janvier 17, 2009

Plan Sarkozy pour le Nord-Kivu





La France, faiseur de paix dans le Nord-Kivu ? C'est l'ambition de Nicolas Sarkozy. Le président français a partiellement levé le voile, vendredi 16 janvier, lors d'un discours à l'Elysée à l'occasion des voeux annuels du corps diplomatique, sur la teneur des propositions que Paris prépare pour tenter de remédier à l'un des conflits les plus dramatiques en Afrique.


Au Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les exactions contre les civils ont repris de plus belle après l'assaut lancé dans la région de Goma, en octobre 2008, par des rebelles que soutient le Rwanda, contre les forces gouvernementales.
L'Elysée, qui s'est opposé ces derniers mois à l'idée d'envoyer des troupes européennes d'interposition dans le Nord-Kivu, veut promouvoir une nouvelle approche qui traiterait des problèmes de fond au coeur du conflit depuis des années. Cette tentative, qui a déjà fait l'objet de consultations délicates avec le régime congolais, s'inscrit en outre dans le cadre de la volonté de Paris de normaliser sa relation avec le Rwanda.
La France met en avant trois axes principaux pour son nouvel effort diplomatique, qui doit avoir comme point d'orgue la tournée prévue en mars de M. Sarkozy en Afrique (RDC, Congo-Brazzaville, Niger). D'abord, lancer l'idée d'une coopération pacifique fondée sur des projets concrets, tels que l'exploitation en commun, par la RDC et le Rwanda, des ressources minières du Nord-Kivu, qui font l'objet de toutes les convoitises des protagonistes de la guerre. Cette piste pourrait comporter la mise en place d'une société mixte. Cela permettrait au pouvoir congolais de récupérer des revenus aujourd'hui détournés par l'exportation illégale de minerais évacués vers l'océan Indien, via le Rwanda.
Deuxième axe : une initiative sur la question foncière, qui est au coeur des tensions intercommunautaires dans le Nord-Kivu en raison d'une longue histoire de déplacements de populations.
Troisième point : travailler sur les problèmes de statut pour les minorités au Congo, singulièrement celui de la représentation politique de la minorité tutsi au niveau local.
"Il faut trouver une nouvelle approche", a dit M. Sarkozy vendredi, "pour apporter aux pays de la région l'assurance que l'ensemble des questions sera réglé d'une façon globale". Décrivant le Rwanda comme un "pays à la démographie dynamique et à la superficie petite", et la RDC comme "un pays à la superficie immense" avec une "organisation étrange des richesses frontalières", M. Sarkozy a indiqué qu'il fallait mettre en place "un dialogue non seulement conjoncturel mais structurel". Il inclurait la question du "partage de l'espace et des richesses".
L'initiative française a été au centre d'un récent déplacement à Kinshasa du conseiller de M. Sarkozy pour l'Afrique, le diplomate Bruno Joubert. Le président congolais Joseph Kabila a marqué de "l'intérêt" pour ces propositions, indique-t-on de source française, mais aucun accord ne s'est encore dessiné. La difficulté de l'exercice expliquerait en partie le report, au mois de mars, du voyage de M. Sarkozy à Kinshasa, alors qu'il était, à l'origine, prévu pour la fin janvier.
L'approche française constitue une grande nouveauté, dans la mesure où la communauté internationale s'est jusqu'à présent essentiellement concentrée sur les déficiences de la force de l'ONU en RDC, la Monuc.
La tournée de M. Sarkozy en Afrique ne comportera pas d'étape au Rwanda, pays qui a rompu ses relations diplomatiques avec la France. Mais Paris rappelle que Kigali ne pourrait que bénéficier d'une nouvelle attitude en direction de la RDC, alors que son implication dans le conflit du Nord-Kivu lui a déjà valu des coupures d'aides européennes. La Suède et les Pays-Bas ont suspendu leur assistance, et le Royaume-Uni envisage d'en faire autant.

Natalie Nougayrède (avec Jean-Philippe Rémy à Nairobi)
In Le Monde en ligne , 18/01/2008

samedi, avril 05, 2008

L'Euope dans les 5 chantiers ? *




Christophe Asselineau est avocat, responsable du Global Mining Group de Simmons & Simmons. Il nous présente la situation du secteur minier en RDC et plaide pour une implication sans délai de l’Europe et de la France dans ce dossier.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE FLAUX

Les Afriques : Quelle est votre activité dans le secteur minier de RDC ?

Christophe Asselineau : Je conseille des sociétés minières, des banques et des fonds d'investissements présents en RDC ou souhaitant y investir. Cela fait une vingtaine d'années que je travaille sur ce pays. J’ai donc eu l'occasion d’y traiter de nombreux dossiers, de l'obtention de titres miniers aux contentieux internationaux en passant par les partenariats et les financements de projets.

LA : Quelle est la proportion des contrats miniers qui ont été ou qui seront « revisités » en RDC ? Comment se déroule le processus de « revisitation » ?

CA : La Commission a été créée en avril 2007 et a revu 63 contrats, soit la majorité. Il s'agit de contrats signés depuis 1996 et conclus entre l’Etat, des entreprises publiques ou semi-publiques et des opérateurs privés. Tous les contrats devaient être revus, mais certains n'ont cependant pas fait l'objet d'un quelconque examen. J'ai ainsi quelques clients qui ont échappé à ce processus et se demandent encore par quel miracle. La Commission a terminé et publié son rapport le 20 mars dernier, le gouvernement a avisé les sociétés minières des critiques de la Commission et des exigences du gouvernement et les a invitées à y répondre, ce qu’elles ont fait.

LA : Qui décide de revoir ces contrats et comment sont-ils revus ?

CA : Une des principales critiques faites au travail de la Commission est le manque de transparence. C'est, d’ailleurs, un reproche qui lui est fait, même par le Carter Center, une ONG américaine qui, pourtant, soutient, mais sans avoir aucune expérience, ni compétence en la matière, la « revisitation ». Il est évident que les membres de la Commission ont effectué un énorme travail de lecture mais, trop souvent, ce processus a abouti a des conclusions sans bases juridiques, ni économiques fouillées qui se résument à une exigence unique : « Cette transaction n'est pas " équitable ", donnez plus de cash à la Gécamines et augmentez la part congolaise dans les partenariats ». Ces demandes sont exacerbées par le cours actuel des métaux mais elles ne tiennent pas compte des énormes coûts nécessaires pour développer les gisements. Dans tous les partenariats, ces coûts sont supportés par les investisseurs internationaux qui doivent aussi, souvent, financer les parts de la Gécamines et de l'Etat. La Commission ignore aussi le fait que, et je peux en témoigner, certains de ces partenariats ont fait l'objet de très longues discussions au cours desquelles la Gécamines et l'Etat ont négocié, en toute connaissance de cause et très âprement, la hauteur de leurs participations et leurs parts de bénéfices. Il existe un mythe selon lequel tous ces contrats ont été signés à la va-vite, au milieu des tirs d'AK47 et des valises de cash. C'est séduisant mais très exagéré et c’est ce qui apparaîtrait en cas de contentieux. Le risque pour la RDC est que, si la « revisitation » se traduit par des expropriations, comme le rapport de la Commission semble l’indiquer, ne serait-ce que sur quelques actifs clés, le pays sera confronté à une foule de contentieux internationaux qui gèleront le développement minier, car peu de sociétés sérieuses nouvelles venues, et ce, quelque soit leur nationalité, accepteront d'investir les sommes nécessaires dans le développement d’actifs dont le sort dépend d'un arbitrage. Pour la RDC et Gécamines, cela signifiera la condamnation à des dommages et intérêts considérables et la perte des revenus substantiels que ces actifs auraient pu générer.

LA : A-t-on une idée des proportions entre l’exploitation minière informelle ou clandestine et l’exploitation légale, dans le secteur minier de RDC ?

CA : L'exploitation artisanale a augmenté avec le déclin de la Gécamines et l’augmentation des cours. Il est cependant très difficile de donner des statistiques fiables car cela dépend des métaux. Mais n’importe quelle opération minière industrielle en fonctionnement a une capacité de production nettement supérieure à plusieurs milliers d’artisanaux. La production artisanale, qui n’est pas forcément illégale, est sans doute bien supérieure dans le coltan ou les diamants que dans le cuivre. On entend de nombreux chiffres mais aucun de fiable, le pillage de la RDC étant d’ailleurs un thème populaire pour tout politicien ou ONG en mal d’inspiration. Ainsi, lors des états généraux des mines qui se sont tenus du 12 au 17 mars de cette année, certains prétendaient que 90% des exportations seraient illégales, mais sans donner aucune source, et les mêmes recommandaient que toutes les sociétés minières étrangères soient expulsées pour que l’exploitation des mines soit confiée uniquement aux mineurs artisanaux. Outre l’absurdité économique de tels propos et le désastre que cela signifierait pour la RDC, quiconque s’est rendu sur des installations minières artisanales connaît les conditions épouvantables dans lesquelles travaillent les creuseurs, souvent très jeunes et qui sont fréquemment victimes d’accidents mortels.

LA : Quelle est aujourd’hui la part de la Chine dans le secteur minier de RDC ? Au détriment de quels pays s’opère cette progression ?

CA : Rappelons tout d'abord que la Chine était déjà présente, il y a 10 ans, lors des premiers partenariats Gécamines. Actuellement, les opérations minières chinoises restent relativement modestes. Les choses pourraient cependant évoluer avec l'accord signé récemment entre la Chine et la RDC qui, grossièrement, est une sorte d'échange : des infrastructures contre des minerais. Le paradoxe est que cet accord ne semble pas conforme au nouveau code minier que l'Etat a pourtant toujours présenté comme le remède aux exemptions fiscales ad hoc du passé, qui sont d'ailleurs en partie l'objet du processus de « revisitation ». Cet accord risque donc de constituer un retour en arrière, mais qui pourrait sembler, à court terme, payant pour le gouvernement, notamment si ces infrastructures sont rapidement visibles par la population. Cependant, même cette mise en œuvre pourrait être difficile car, sur le terrain, les entreprises chinoises semblent importer la totalité de leur main d'œuvre, ce qui crée des tensions avec la population. A ce titre, il est vraiment très dommage que les Européens, et en particulier les Français qui disposent d'entreprises de construction et d'énergie puissantes, parlent la langue et ont l'habitude de travailler en Afrique en utilisant et en formant la main d'œuvre locale, n'aient pas proposé des offres combinées entre sociétés minières et entreprises d'infrastructures occidentales. Cela serait d'ailleurs un bon moyen pour changer l'image de la France en Afrique, en associant, par exemple, à nos compétences industrielles en matière d’infrastructures, nos deux principales sociétés minières, les marchés de capitaux européens et des partenaires miniers ou industriels occidentaux ou africains. La Commission européenne vient de lancer une consultation sur la sécurisation des approvisionnements en minerais. Ce serait sans doute une piste à suivre, mais il faudrait appliquer cette politique volontariste vraiment très rapidement. Incidemment on réaliserait aussi une des recommandations de la Commission Attali, bien plus importante que la reforme des taxis et peut-être plus facilement!

LA : Plusieurs observateurs annoncent un danger imminent de déstabilisation du gouvernement en place, voire de menace sur la personne du président Kabila, du fait de ce rapprochement d’intérêts entre la RDC et la Chine. Qu’en pensez-vous ?

CA : J'entends effectivement des rumeurs à ce sujet mais je ne sais pas si c’est lié à la transaction chinoise. Le problème pour un putschiste potentiel, et éventuellement mécontent du rapprochement avec la Chine, est le fait que l'actuel président a été élu à l'issue d'un vote tenu sous l'égide des Nations unies. Ce nouvel entrant devrait donc offrir à la communauté internationale une raison « présentable » pour justifier son coup d'Etat. Peut-être qu'en se posant comme le « sauveur de la RDC du dragon chinois » il rencontrera un petit écho favorable dans la population, au moins au Katanga, et, plus cyniquement, l'approbation officieuse de certaines capitales occidentales, mais il se peut qu'il préfère d'abord attendre un faux pas visible de l'actuel président avant de faire quoi que ce soit. Or Joseph Kabila s'expose assez peu.

LA : Le FMI exerce une forte pression pour que la RDC maîtrise davantage ses dépenses publiques. Le peut-elle dans le contexte actuel, notamment à l’est ?

CA : La situation dans l'est reste dramatique. Il suffit d’ailleurs de discuter avec certains officiers de la Monuc pour comprendre leur amertume quant à l'inefficacité du dispositif onusien. Ceci dit, je doute que ce conflit soit la source principale des problèmes de la RDC par rapport au FMI. La gestion anarchique de tous les postes des finances publiques est bien plus en cause. La RDC devait démontrer, avant fin février 2008, sa capacité à bien gérer ses finances. A la clef, il y avait la signature d'un 3e nouveau programme d'ajustement structurel, dans le cadre de l'initiative d'effacement de la dette des pays pauvres très endettés. Le FMI a maintenant donné à la RDC un sursis jusqu'au 31 mars, mais il y a peu de chance que les objectifs fixés soient atteints à cette date. A ce titre, la transaction chinoise, qui ferait substantiellement monter la dette nationale, semble en complète contradiction avec les objectifs du FMI : la réponse congolaise, qui ne manque pas de logique, est que la Chine ne pose pas de conditions et se dit prête à construire rapidement les infrastructures dont le pays à besoin. Il conviendrait peut-être que les institutions européennes, en liaison avec le FMI, fassent preuve d’un peu de créativité et de beaucoup de rapidité pour répondre à une telle demande. Des Français étant prochainement à la tête de ces deux institutions, il y a sans doute là une occasion unique d’élaborer et de mettre en œuvre rapidement une politique audacieuse associant sociétés privées et aides publiques dans l’intérêt commun de l’Europe et de la RDC.

* Le titre est de la rédaction

Paru in Les Afriques en ligne 4/04/2008

mardi, février 19, 2008

Edito : Bush à Kigali , Blair nommé conseiller de Kagame :Kinshasa , où es-tu ?


Photo : Mesdames Blair, Kagame et Bush à l'aéroport International de Kigali le 14/07/2005 .



Le président américain Georges W. Bush a entamé sa tournée d’adieu au continent africain samedi passé par le Bénin . Outre Cotonou , premier hôte du couple présidentiel américain – Laura Bush est du voyage- , Darussalam , Accra , Monrovia et Kigali sont les heureuses élues du dernier périple africain de l’actuel locataire de la Maison Blanche . Une fois de plus , Kinshasa , plus grande mégalopole de la région des Grands Lacs , point névralgique d’un pays grand comme l’Europe Occidentale , bourré de richesses du sol et du sous-sol les unes plus importantes que les autres , a été snobée de ce second et ultime périple continental du « maître du monde libre » .

Alors que ce géant malade a connu avec l’aide majeure de l’Union Européenne ses premières élections libres et démocratiques courant 2006 - élections qui se sont « mieux déroulées » qu’ à Kigali , Lomé , Kampala , Nairobi , Ndjamena- , tente la démocratie tous azimuts et veut redécoller , une visite du président d’un des pays ardent défenseur de la demos kratos mondiale au Congo Démocratique - épithète contrôlé - aurait pu être un signal positif tant pour la propagation de cette dernière sur le continent que pour la reconstruction de la « gâchette africaine » .

Bizarrement depuis que le pays a connu sa première expérience électorale , à Kinshasa , c’est la loi des séries : Albert II , Roi des belges , avait été annoncé , Sarkozy ministre , Sarkozy président l’a été aussi , Lula , le président brésilien fût même programmé en session extraordinaire du parlement pour un discours ! Et maintenant Bush … Un véritable black-out diplomatique .

Il est vrai que la jeune démocratie congolaise a connu ses péripéties : affrontements sanglants de mars passé à Kinshasa , exil forcé du candidat au second tour , violences dans les Kivus .. Cela vaut-il un tel désintéressement ? Les flagrants écarts démocratiques du régime ethnocentrique de Kigali , la gouvernance chaotique de la manne pétrolière tchadienne de Déby , la démocratie des « baïonnettes » de Museveni n’ont pourtant pas empêché pour l’un la visite de Bush , pour l’autre , l’intervention d’un « autre temps » de la France pour sauver son régime moribond et du dernier le soutien inconditionnel de Londres .

Certes certains quidams par optimisme béat , inexpérience géopolitique ou cécité fanatique au pouvoir de Kinshasa diront que tout va bien dans les meilleur des mondes : « le président Kabila est président de la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale) » ou encore « Kouchner est passé récemment et le président turc arrive d’ici peu » … Pour paraphraser Staline : « la CEEAC , combien de divisions ? » . Quel poids continental ou même régional ? Peut-on la comparer à la CEDEAO ou encore à la SADC quand un Déby cloîtré dans son palais de Ndjaména , assailli par des rebelles est obligé de battre le rappel de ces troupes reprises dans la FOMAC (Force multinationale d’Afrique Centrale – branche armée du CEEAC) sans pouvoir compter sur l’ensemble du commandement unifié de cette institution sous-régionale là où la SADC envoyait des troupes sans compter à un Kabila père acculé ! Oui , Kouchner est bien passé au palais de la Nation , l’a-t-on suivi à Kigali ? Il y est apparu plus décontracté que jamais – en col mao comme dirait les kinois - , Kagamé en chemise jeans , rappelant au passage avoir connu Kagamé à l’époque FPR et reconnaissant « la faute politique » française lors du génocide , tout ça dans une atmosphère bon enfant ! La Turquie , elle , qui se débat férocement entre attraction européenne , laïcité et islamisation sociétal possède bien nombre d’atouts économiques mais ne figure pas parmi les poids lourds internationaux à l’instar des cinq as - la Chine , nouveau joker mondial - du Conseil de sécurité . On continue ?

Il se dit que le rais congolais lors de sa dernière entrevue avec Bush dans le bureau ovale , lui aurait susurré à peu près cette phrase qui au demeurant paraît absurde mais est bien pleine de sens et pourrait même figurer dans le recueil de citations politiques célèbres : « Qu’est-ce que le Rwanda a que le Congo ne peut vous donner ? » . En effet , cette phrase – si elle a vraiment été prononcée - symbolise à elle toute seule le rapport de forces actuel entre Kinshasa et Kigali . Révolue l’époque où le Maréchal envoyait Mahélé en renfort à Habyiarimana pour contrer le FPR , aujourd’hui quand Kagame est enrhumé , c’est le Kivu qui tousse , aujourd’hui nous avons à faire à des tutsis « décomplexés » - pour reprendre l’expression sarkozyenne- qui n’hésitent pas à nous appeler « BMW » (Beer ,Money , Women) , aujourd’hui Kigali rigole à gorge déployée de toutes les menaces d’officiels congolais tant elle a battu et rebattu à plate couture nos militaires toutes tendances confondues (ex-FAZ de Mobutu , kadogos du Mzee et FARDC , tous confondus) .

Aujourd’hui malgré la lourde responsabilité du FPR et de son maitre dans la préparation et la planification du génocide rwandais , c’est un défile de têtes couronnées qui se précipite aux pays des mille collines pour saluer « le miracle rwandais » et même Tony Blair , charismatique ancien premier ministre anglais et fondateur du New Labour se permet de devenir conseiller pro deo de Kagame * !

Alors que l’avenir de Bujumbura ou Kigali se discutait à Kinshasa autrefois , aujourd’hui Kigali est devenu le centre de gravité du pouvoir dans l’ex – Congo Belge … Qu’avons-nous fait pour vivre une telle infamie ? La diplomatie congolaise est-elle devenue si aphone que notre vaste territoire ne serait plus qu’un patchwork de régions sous influence de nos voisins ? La nature a horreur du vide dit-on , la politique et la diplomatie encore plus m’a-t-on dit un jour …Le succès diplomatique actuel de Kigali ou Kampala tient en grande partie à l’absence de retour de manivelle de Kinshasa qui , absente des arcanes diplomatiques laisse l’espace à un discours unilatéral . Alors que la Troika (France , Belgique , USA) rouvre avec force ses consulats dans les Kivus que d’ autres qualifient- à tort ou à raison- de prochaines ambassades de la « République des Volcans » , notre diplomatie-cécité souffre de vision et de perspective quand même à l’Union Africaine nous n’avons ni de droit de vote ni droit de parole ! Stanley en son temps, dit un jour « Sans chemin de fer , le Congo ne vaut pas un penny » , nous disons « sans véritable diplomatie , le pari de l’unité du Congo ne vaut pas un penny » . D’où notre cri du cœur : Kinshasa où es-tu ?

Voir http://www.guardian.co.uk/politics/2008/jan/18/rwanda.tonyblair pour les anglophones ou version française voir congoscope.blospot.com


Congoscope.blospot.com

Blair , conseiller de Kagame



Photo : Blair et Kagame au 10 , Downing Street 5/12/2006


Tony Blair élargit son portefeuille d’activités après le 10 , Downing Street en devenant conseiller sans rémunération du Gouvernement rwandais de Paul Kagame.

Les premières indiscrétions sur la nature des activités de Blair au Rwanda révèlent que ce dernier y a dépêché une équipe forte de trois de ses anciens conseillers au 10 , Downing Street afin d’ analyser les différents secteurs dans lesquels son aide pourrait bénéficier au gouvernement de Kigali .

Impressionné par la façon dont le Rwanda s’est transformé depuis le génocide de 1994 , Blair croit fermement qu’il peut aider à lever des fonds pour le pays . En effet , le pays a le second plus grand indice de croissance du continent mais son budget dépend à moitié de l’aide extérieure .

L’équipe d’avant-garde envoyée sur terrain est composée de Liz Lloyd , son ancienne directrice de cabinet adjoint au n° 10 et spécialiste de l’Afrique , son ancienne secrétaire particulier au n° 10 , Kate Gross ainsi que David Easton , un ancien consultant pour McKinsey ( réputé cabinet de conseil et management) .

L’ancien premier ministre a exprimé son intérêt pour le continent africain quand au pouvoir il mit sur pied la Commission pour l’Afrique et , en 2005 , avec Gordon Brown lors de la présidence britannique du G 8 travailla pour arracher de grandes promesses d’engagement financier pour le continent .

Durant la même année , Chérie sa femme , visita le Rwanda afin d’y voir les plaies de la guerre et a même participé à quelques audiences publiques contre les génocidaires .

Tony Blair a toujours pensé que la bonne gouvernance , la lutte contre la corruption et la viabilité d’un gouvernement sont vitales pour le développement . Depuis qu’il a quitté le pouvoir , Blair a souvent dit qu’il était gêné que le monde n’ai rien fait pendant la guerre civile rwandaise et a rencontré le président Kagame afin de discuter sur les voies et moyens d’une collaboration commune .

Des sources proches de l’ancien premier ministre soulignent que ce poste sera non rémunéré et insistent sur le rôle principal de Tony qui sera simplement d’aider à lever des fonds pour le pays .

De leur côté , les rwandais et le Gouvernement britannique ont déjà mis sur pied un programme afin de cibler les freins à la croissance économique tels le manque de croissance à l’exportation et le rôle du secteur privé .
Les critiques se sont pourtant insurgées dernièrement quand la banque privée américaine JP Morgan a révélé que Tony Blair avait accepté un poste de conseiller hautement rémuneré auprès d’elle .

Traduction de Congoscope.blogspot.com

Article original : http://www.guardian.co.uk/politics/2008/jan/18/rwanda.tonyblair

jeudi, février 07, 2008

Rwanda : Après Bruguière , un juge espagnol resserre l’étau sur Kagame et son régime monolithique

Un juge d'instruction espagnol a émis, mercredi 6 février, quarante mandats d'arrêt à l'encontre d'officiers supérieurs de l'armée rwandaise pour actes de génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et terrorisme commis au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) entre le 1er octobre 1990 et 2002. La justice espagnole avait été saisie, en 2000, par des proches de victimes espagnoles tuées au Rwanda - religieux et humanitaires - et par des organisations rwandaises en exil. Dans son arrêt, le juge Fernando Andreu Merelles se déclare incompétent pour engager des poursuites contre le président rwandais, Paul Kagamé, en raison de son immunité en qualité de chef d'Etat.
Au terme d'un document de 181 pages, le magistrat estime que le Front patriotique rwandais (FPR), mouvement rebelle qui s'est emparé du pouvoir en juillet 1994, mettant ainsi fin au génocide des Tutsis qui avait fait 800 000 victimes, a généré "un véritable règne de la terreur, non seulement par la structure même de cette dictature, mais surtout par la mise en place de structures parallèles responsables de crimes odieux commis contre la population civile, tant nationale qu'étrangère".
Le "point culminant de cette politique" est la politique d'"invasion et de conquête" de la RDC, enclenchée à l'automne 1997, "en compagnie d'autres groupes politico-militaires créés à cet effet" pour réaliser "un immense pillage, en particulier des ressources naturelles précieuses", afin de se "maintenir au pouvoir et d'exercer une domination géostratégique sur la région". Selon le document, sept des officiers visés résideraient à l'étranger, dont le général Karake Karenzi, commandant en second de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) et l'attaché militaire de l'ambassade du Rwanda aux Etats-Unis, Rugumya Gacinya.
Plusieurs de ces officiers font déjà l'objet d'un mandat d'arrêt émis par le juge français Jean-Louis Bruguière, dans le cadre d'une enquête sur l'attentat perpétré contre l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, que le juge espagnol attribue à son tour aux ex-rebelles, aujourd'hui au pouvoir à Kigali. L'ordonnance du juge français avait entraîné, en novembre 2006, la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.

Stéphanie Maupas

* Le titre est de la rédaction

mardi, février 20, 2007

« Je t’aime , moi non plus ou les amours freudiennes entre Kinshasa et Bruxelles »


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BY MSI


En ce moment où le landerneau politique belge est sans dessus dessous à propos d’une éventuelle et très prochaine visite royale au Congo , la rédaction de Congoscope se penche sur l’énigmatique relation entre le Congo et son ex métropole , ce feuilleton burlesque vieux de plus de quarante ans entre les deux Etats qui a connu des lunes de miel enivrantes et des divorces fracassants .

Mobutu et la Belgique ou la passion face à la raison ( du 24 novembre à la zairianisation)


24 novembre 1965 . Le général Mobutu s’empare du pouvoir afin de mettre fin à la guerre civile , stopper l’amateurisme et les ambitions démesurées des politiciens congolais de l’époque . En effet , le président Kasa – Vubu et son premier ministre Moise Tshombe s’entredéchiraient pour la conquête de la magistrature suprême , les parrains belges du nouvel homme fort de Léopoldville ne cachent pas leur satisfaction , croyant que Mobutu remettrait en scelle leur protégé katangais Moise Tshombe . Nenni . Le Commandant en chef de l‘Armée Nationale Congolaise fait fi de toutes les recommandations provenant de l’ancienne colonie et appliquant le principe de la « tabula rasa » s’attaque même dans ses premiers gestes politiques aux intérêts de ces derniers : Il fustige les accords signés à l’arrachée entre l’ex métropole et les gouvernements Adoula et Tshombe consistant à la subtilisation au nouvel Etat congolais des droits de propriété sur des compagnies jadis de droit congolais et concèdant à la Banque Nationale de Belgique un droit de perception sur les coffres de son égale congolaise , nouvellement créée . Bruxelles demande la réouverture d’un « dialogue » .

Dans le courant de l’année suivante , un accord semble se dessiner pour faire le transfert au Congo des titres de propriétés sur Platarundi ( société de commerce et plantations au Rwanda Urundi) et Géorwanda ( société géologique et minière du Rwanda urunfi) mais il est buté à l’obstination belge de reconnaître les droits gelés subrepticement au Congo , à la veille de son indépendance sur la Sabena , la Forminière ( société internationale forestière et minière du congo) , la Sominki ( société minière de Kilo Moto) , l’ Unatra ( union nationale des transports fluviaux) ainsi que sur des sociétés minières du Kasai , du Luebo et de la Lueta . Le 17 mai 1966 , la Belgique autorise la désignation d’un congolais à la tête du Fonds belgo congolais dont le siège demeure à Bruxelles . Ce revirement ne se fait pas sans contrepartie : La Banque Nationale de Belgique continuera à puiser tous les mois sur les caisses de la Banque Nationale du Congo pour l’alimentation dudit fonds .

Début 1967 . Le président Mobutu assoit progressivement son régime et attribue la propriété exclusive du sol et sous-sol à l’ Etat , décidant en ricochets , la dissolution de l’Union Minière Haut Katanga et invitant fermement les compagnies étrangères ayant des activités au Congo d’y transférer leurs sièges . La principale cible de cette décision est la flamboyante Société Générale . Bruxelles entre dans une ire et dépêche à Kinshasa , son ministre des affaires étrangères , Pierre Harmel que Mobutu refuse énergiquement de recevoir . Le ton monte mais la Belgique joue la prudence , les intérêts dans l’ancienne colonie sont colossaux .

1971 . Mobutu lance le concept des « 3Z » , Zaïre devient le nom du pays , de la monnaie et du majestueux fleuve , épine dorsale de ce sous continent , tournant définitivement la page obscure du Congo post indépendance . L’homme du 24 novembre ne s’arrête pas au cosmétique , il veut un profond changement du « citoyen zaïrois » face à l’aliénation psycho sociale emmenée par les colons , la politique de retour à l’authenticité est lancée , l’ Eglise Catholique n’ a plus droit de cité . Bruxelles aboie , sans plus …

1973. Devenu dans la foulée de l’ authenticité , Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga , il prendra la décision la plus dommageable pour son régime , au regard du rétroviseur de l’ Histoire : la « zaïrianisation » , nationalisation forcée de la majorité des entreprises appartenant aux étrangers et partagées entre caciques du régime et membres de sa cour . La Belgique proteste énergiquement et le maître de Kinshasa suspend « provisoirement » le traité d’amitié liant les deux Etats . Parallèlement à cette décision , véritable hara kiri du Parti Etat , Mobutu applique fidèlement le principe « un régime , deux politiques » de l’ancien premier camarade communiste de Beijing , Deng Xiaoping , en consentant de larges facilités à certaines sociétés belges bien ciblées telles la Société Générale qui obtient le droit de commercialiser le cuivre du Katanga . De ce geste ne se dégage pas une simple faveur mais bien un signe de lézarde de l’establishment « zairianisé » . En effet , les nouveaux « chefs d’entreprise » dont la plupart n’ont aucune notion managériale , ont sérieusement écrémé les entreprises gracieusement héritées des « étrangers » , les précipitant en des délais records dans le gouffre du dépôt de bilan et drainant la jeune et prometteuse économie zaïroise dans un désastre économique sans précédent .

Le point de non retour


5 mai 1981 . Sans doute ébloui par les travaux pharaoniques du barrage d’Inga , Wilfried Martens , Premier ministre belge , lâchera une des déclarations les plus féeriques d’un homme d’Etat à l’égard du Zaïre : « J’aime ce pays , j’aime ses dirigeants , j’aime sa population ! » , confortant ainsi Mobutu dans sa thèse ‘’ la petite Belgique ne peut se passer du Grand Zaïre’’ , d’ailleurs ‘’ la ville belge d’ Hobocken ne vit elle essentiellement pas du cuivre zaïrois qui y occupe 15000 travailleurs ? ‘’ . Sans doute obnubilé par ce genre de déclarations intéressées, l’ homme de l’ authenticité pensera donc par le biais des accords commerciaux bilatéraux Zaïre Belgique , détenir l’ anneau de Gygès , anneau qui selon la mythologie grecque conférait à son détenteur une impunité sans faille , et se mettra à pérorer sur la ‘’ petite Belgique’’ en menaçant de façon récurrente ses intérêts au Congo . Il sera vite désillusionné. En l’absence d’un retour de manivelle conséquent de la classe politique belge pour la plus grande partie ankylosée à coup de franc belge et de zaïre monnaie par le Parti Etat , face aux sempiternelles provocations de Mobutu , la presse belge prendra ses responsabilités en tant que quatrième pouvoir et avec un patriotisme étonnant dans ce royaume plat de bisbrouilles communautaires intermittents fera de Mobutu et ses excès vaniteux une de ses cibles de prédilection . La fortune du Président Fondateur est évaluée par les uns à six milliards, neuf pour les autres , ses luxueuses résidences en Belgique , Suisse , France et autres pour la première fois révélées au grand public , ses réceptions fastueuses en Europe passées au crible d’une évaluation digne des cabinets d’audit les plus réputés . Un vrai pavé dans la marre , Mobutu étant ouvertement accusé de détourner l’aide au développement au détriment de la population zaïroise croupissant dans la misère la plus noire .

Novembre 1988 . Acculé et froissé par les révélations de la presse belge, Mobutu devenu dans l’entre-temps Maréchal décidera de rouvrir le poussiéreux dossier vieux de plus de trente ans du « contentieux belgo zaïrois » . Bruxelles lui fait remarquer, le 14 janvier 1989 , que de son propre chef , il avait décidé de clore le dossier . Réponse du berger à la bergère de Kinshasa qui dénonce tout le contenu des accords Spaak Tshombe de 1965 , martelant « la fraude corrompt tout. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude pour se faire reconnaître un droit » , exigeant la réouverture du dossier comme préalable à toute négociation avec la Belgique devenue fédérale . Bruxelles refuse clairement, il faudra les bons offices de feu Hassan II , roi du Maroc , pour décrocher un mezzo termine rendu rapidement caduc l’année suivante .

24 avril 1990. Mobutu siffle la fin du monopartisme et déclare ouverte l’ère de transition démocratique , laquelle connaîtra une kyrielle de gouvernements de transition lézardant encore plus l’image déjà ternie du Maréchal Mobutu totalement convaincu d’être la victime d’un complot ourdi par quelques dirigeants belges , Wilfried Martens en tête , lui qui dix ans auparavant fit une tonitruante déclaration d’amour sur le Zaïre et son régime révèle que le ‘’ gouvernement belge ne considère plus comme persona non grata celui qui désormais est appelé « Monsieur Mobutu » par les autorités belges ‘’ .La scabreuse affaire du « massacre des étudiants de Lubumbashi » portera le coup d’estocade aux relations belgo zaïroises agonisantes , Bruxelles accusant Mobutu de violations des droits de l’homme , ce dernier furieux renvoie chez eux les coopérants belges au développement et volontaires , poussant la Belgique à suspendre sa coopération bilatérale … S’en suit la descente aux enfers du régime zaïrois avec la déliquescence de son tissu socio économique après deux mutineries avec pillages , une démonétisation désastreuse du zaire monnaie , un tohu-bohu politique indescriptible et une rébellion armée sans pitié , mettant fin à l’épisode zaïrois . Bruxelles prenant note avec "enchantement" de l'exil de Mobutu .

La diplomatie sabotage téléguidée de Kigali et l’implication personnelle de Louis Michel

17 mai 1997 . A la tête d’un melting pot armé composé essentiellement de soldats rwandais , ougandais , soudanais , angolais et de jeunes congolais recrutés au fil de sa progression vers Kinshasa , Laurent Désiré Kabila devient l’homme fort du pays rebaptisé pour la cause République Démocratique du Congo . La communauté internationale se dit enchantée – La Belgique en premier- de voir l’homme du 24 novembre en exil , et compte énormément sur le nouveau pouvoir pour rétablir un climat de paix et de démocratie , corollaire au développement de l’ ex Zaire agonisant. En état de grâce , le Mzee n’est pas totalement maître de ses mouvements , deux forces centrifuges l’empêchent toute marge de manœuvre : l’omniprésence de ses alliés rwando ougandais qui , se sentant en pays conquis , veulent à tout prix influer sur la scène politique congolaise et piller ses richesses ainsi que tous les engagements contractés pendant la longue marche vers Kinshasa avec d’innombrables et occultes sociétés sur les mines de cuivre , or , diamant et autres , contrats qui pour la plupart ne seront pas respectés . De son côté , la Belgique en toute prudence , jette des ballons de reconnaissance vers le nouveau régime , ces derniers sont superbement ignorés par la diplomatie « sabotage » orchestrée en sous-main par les parrains rwandais devenus méfiants envers Kabila dont Bizima Karaha , chef de la diplomatie congolaise est le bras séculier .

Avril 1998. L’affaire de la saisie d’armes au Consulat belge de Lubumbashi porte un sérieux coup aux relations belgo congolaises si frêles , le gouvernement congolais sous l’influence néfaste des poissons pilotes de Kigali accusant la Belgique « de complot et de terrorisme » …. Quelques mois plus tard , la réaction d’ Erik Derycke , ministre belge des Affaires Etrangères d’alors suite à la guerre d’agression menée par les ex parrains rwandais et ougandais devenus ennemis est sans équivoque : « J’ai de la compréhension pour le Rwanda » . Les poissons pilotes des agresseurs extirpés des salons politiques de Kinshasa , la diplomatie congolaise se remet fébrilement en contact avec l’ancienne métropole où un francophone libéral Louis Michel succède à Erik Derycke , socialiste flamand à la tête de la diplomatie belge , changement qui dans les premiers mois ne bouge pas d’un fifrelin la politique belge de « neutralité bienveillante » qui , en effet , n’est qu’un décor en trompe-l’œil cachant une réelle passivité pour l’agression. La seconde guerre s’enlise , chaque jour la situation socio-économique se détériore … La communauté internationale s’implique dans le règlement du conflit qui a pris des proportions de « première guerre africaine » avec l’entrée en lice de pays tels l’Angola , le Zimbabwe , le Tchad , La Namibie aux côtés de Kabila face au front rwandais , érythréen , soudanais , ougandais et burundais qui par le biais de rébellions cousues de toutes pièces se disputent l’ex Zaire .

La Belgique par l’entremise de Louis Michel avec son leitmotiv qu’il martèle à l’envi telle une méthode Coué « l’optimisme de la volonté face au pessimisme de la raison » tente de démêler de toutes ses forces l’écheveau complexe de ce conflit continental , le mur de glace avec Kinshasa se lézardant de plus en plus , le Mzee devenant de moins en moins méfiant envers la Belgique et le chef de la diplomatie belge défilant de plus en plus dans les couloirs du palais de la Nation à Kinshasa .

Kabila II et la Belgique

16 janvier 2001. Laurent Désiré Kabila est assassiné dans son bureau dans des circonstances encore demeurées mystérieuses à ce jour . Alors que Kinshasa est sous silence radio , Louis Michel est le premier officiel à annoncer la mort du tombeur de Mobutu .Réalisme politique ou coup bas diplomatique ? 48 heures plus tard , il débarque à Kinshasa rencontrer Joseph Kabila , fils de l’illustre disparu désigné chef d’ Etat intérimaire . Une nouvelle impulsion est donnée aux relations belgo congolaises , le jeune président congolais fait un virage à 180 ° de la politique tant intérieure qu’étrangère de son père : quelques jours après son investiture , il entreprend un marathon diplomatique auprès des grandes capitales occidentales qui lui déroulent tapis rouge et l’assurent d’un fort soutien dans son objectif d’ouverture tous azimuts et de cessation des hostilités. La démarche paye rapidement , la communauté internationale pressurise les agresseurs afin qu’ils quittent le Congo , chose faite fin 2003. Sur le plan diplomatique , Louis Michel prend de la bouteille en s’investissant personnellement à la résolution du conflit et persuade le gouvernement belge à rétablir au minimum une coopération sur certains plan ( santé , éducation) bénéfiques pour l’ensemble de la population congolaise , ce qui sera fait , le chef de la diplomatie belge disposant de deux lignes de budget dont une concernant « la prévention des conflits » et l’autre dénommée « diplomatie préventive » . La coopération au développement est graduellement restaurée entre les deux pays .

16 décembre 2002 . L’accord global et inclusif est signé à Pretoria entre les différents belligérants , il scelle la réunification du Congo et met un terme à plus de cinq ans de guerre sans merci dont la véritable victime , le peuple congolais sortira exsangue de plus de trois millions d’hommes et femmes . La Belgique par Louis Michel interposé a joué un rôle de premier plan dans la signature de cet accord qui prévoit l’établissement d’un gouvernement transitoire comprenant tous les ex belligérants , chargé de préparer les élections dans un délai maximum de trois ans . Ce dernier effectif le 30 juin de l’année suivante , recevra l’adoubement de la communauté internationale qui rouvre les robinets financiers longtemps restés à sec . Fin décembre de la même année , la Belgique et le gouvernement transitoire congolais rétablissent une coopération sur les plans militaires et sociaux : l’armée belge s’engage à former des brigades de l’armée congolaise brassée et unifiée , à augmenter le quota d’étudiants congolais à l’ Académie Royale Militaire , au social , elle finance plusieurs projets de développement d’une valeur de plus de 50 millions d’euros .

Karel De Gucht ou la hard diplomacy Versus l'axe francophone: le bicéphalisme belge étalé

Juillet 2004 . Les régionales belges bouleversent les fébriles équilibres du royaume : Le Vlaams Belang ( ex Vlaams Blok) , parti d’extrême droite flamand devient le premier parti en Flandres alors que le parti socialiste francophone ratisse large en Wallonie et à Bruxelles . Résultat des courses , le gouvernement fédéral connaît un remaniement technique , Louis Michel cède son poste ministériel pour un strapontin de commissaire européen sous la direction du portugais Barroso . Au ministère des Affaires Etrangères , Karel De Gucht , ancien président du VLD ( parti libéral flamand du premier ministre Verhofstadt) lui succède . Ce dernier atterrit à la tête de la diplomatie belge juste après avoir soulevé un tollé général quand en juin de la même année en sa qualité de président du VLD , il prit à contre-pied en dernière minute , ses partenaires politiques au niveau fédéral ( MR libéral francophone , PS socialiste francophone) en remettant en question le droit de vote aux étrangers extra européens , causant un profond préjudice à son propre parti lors du scrutin et minant la confiance de ses partenaires fédéraux .

Deux mois plus tard , lors de son premier voyage en Afrique Centrale , il est au cœur d’une polémique quand de Kigali , il fustige « le manque de capacité des hommes politiques congolais » . Un mois plus tard , en marge de la conférence des Chefs d’Etats sur la crise des Grands Lacs , à Dar es Salaam , Joseph Kabila lui rend la monnaie de sa pièce en refusant de le recevoir , ce qui provoque une escalade diplomatique entre les deux pays , Kinshasa rappelant son ambassadeur à Bruxelles et poussant le premier ministre Guy Verhofstadt en personne à jouer au sapeur pompier en apaisant Kabila .

Janvier 2005 . Karel De Gucht révèle le « new look » de la politique étrangère du royaume : « Plus d’Asie ,moins d’Afrique » . Il relègue au rang d’ « humanitaire » la relation avec l’ ancienne colonie , préférant se focaliser sur l’ Asie et son boom économique , « plus profitable » d’après lui . Un mois plus tard , il débarque à Kinshasa avec dans ses valises des « sulfureux dossiers de presse » contenant des biographies douteuses et irréalistes de dirigeants congolais dont le président Kabila , ces dernières se répandent dans les chancelleries , rédactions et salons kinois … L’épreuve de force est évitée de justesse , la confiance dans le vieux couple étant au plus bas une fois de plus , De Gucht en rentrant dans sa Flandres natale charge de nouveau le pouvoir congolais en pointant leur « manque de sérieux » et affirmant froidement s’en rendre compte « au fil des voyages » . De retour d’une entrevue à Washington , en mars de la même avec le secrétaire d’ Etat américain Condolezza Rice , Karel De Gucht tire de nouveau à boulets rouges sur Kinshasa de la tribune du Sénat belge où il est interpellé par la Commission des Relations Extérieures : « Le Congo est un pays raté , ce pays n’ira pas loin avec la direction politique actuelle » dit il . Ces propos ne provoquent qu’une tempête dans un verre d’eau car dans l’entre-temps , le bicéphalisme politique belge se fera voir au grand jour : l’axe francophone fédéral composé principalement par Armand de Decker , ministre libéral à la Coopération au Développement et André Flahaut , ministre socialiste de la Défense inspirés par le désormais commissaire européen , Louis Michel , assure par le biais de fréquentes descentes sur Kinshasa et d’une forte implication dans les différents secteurs de la coopération bilatérale ainsi que dans le processus électoral , « l’attachement » au Congo .

New Deal ?

Décembre 2006 .Les élections générales congolais se sont « assez bien » déroulé d’après l’avis général , Joseph Kabila en sort vainqueur avec plus de 58 % des voix au second tour . Lors de sa prestation de serment , la Belgique est présente avec la plus forte délégation ministérielle du jour conduite par son chef de gouvernement Guy Verhofstadt, les ministres des Affaires étrangères Karel de Gucht , devenu étrangement de moins en moins loquace sur les affaires congolaises , de la Défense, André Flahaut, de la Coopération, Armand De Decker, la secrétaire d'État à la Famille Gisèle Mandaila, le président du parlement wallon José Happart, et la ministre des Relations internationales de la Communauté française, Marie-Dominique Simonet sans oublier le Commissaire européen Louis Michel . Cette descente en force du pouvoir belge toutes tendances confondues est jugée par plus d’un observateur familier des relations belgo congolaises comme un signal fort du retour de la Belgique politique dans sa zone d’influence traditionnelle , la réussite du processus électoral au Congo étant jugée par certains observateurs et hommes politiques avisées dont Armand de Decker comme le point d’orgue et la plus grande réussite de la diplomatie belge depuis plus d’un quart de siècle . Pour parfaire le tableau , en guise de cerise sur le gâteau , une visite royale d’ Albert II en personne , visite qui n’était plus arrivée depuis plus de 20 ans , est même très sérieusement envisagée dans les plus hautes sphères des deux Etats ce qui ne manque pas de mettre sans dessus dessous le landerneau politique belge . Les uns trouvant cette visite royale « prématurée » et porteuse de gages à un Kabila fraîchement élu et n’ayant pas encore fait ses preuves , les autres la définissant comme « un signe d’encouragement » et de total soutien de l’ancienne métropole à un gouvernement légitime dont la tâche est herculéenne . Visite royale ou pas , les relations belgo congolaises , feuilleton ubuesque tournant souvent au burlesque depuis bientôt une moitié de siècle est entrain de connaître un nouveau chapitre dont l’issue est aussi incertaine que les précédents . Espérons au moins que les envolées des dirigeants politiques des deux côtés ne viendront pas ternir cette énième occasion de communion fraternelle , échange incommensurablement riche et intense entre ces peuples exceptionnels liés pour l’éternité .