Congoscope

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mardi, février 20, 2007

« Je t’aime , moi non plus ou les amours freudiennes entre Kinshasa et Bruxelles »


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BY MSI


En ce moment où le landerneau politique belge est sans dessus dessous à propos d’une éventuelle et très prochaine visite royale au Congo , la rédaction de Congoscope se penche sur l’énigmatique relation entre le Congo et son ex métropole , ce feuilleton burlesque vieux de plus de quarante ans entre les deux Etats qui a connu des lunes de miel enivrantes et des divorces fracassants .

Mobutu et la Belgique ou la passion face à la raison ( du 24 novembre à la zairianisation)


24 novembre 1965 . Le général Mobutu s’empare du pouvoir afin de mettre fin à la guerre civile , stopper l’amateurisme et les ambitions démesurées des politiciens congolais de l’époque . En effet , le président Kasa – Vubu et son premier ministre Moise Tshombe s’entredéchiraient pour la conquête de la magistrature suprême , les parrains belges du nouvel homme fort de Léopoldville ne cachent pas leur satisfaction , croyant que Mobutu remettrait en scelle leur protégé katangais Moise Tshombe . Nenni . Le Commandant en chef de l‘Armée Nationale Congolaise fait fi de toutes les recommandations provenant de l’ancienne colonie et appliquant le principe de la « tabula rasa » s’attaque même dans ses premiers gestes politiques aux intérêts de ces derniers : Il fustige les accords signés à l’arrachée entre l’ex métropole et les gouvernements Adoula et Tshombe consistant à la subtilisation au nouvel Etat congolais des droits de propriété sur des compagnies jadis de droit congolais et concèdant à la Banque Nationale de Belgique un droit de perception sur les coffres de son égale congolaise , nouvellement créée . Bruxelles demande la réouverture d’un « dialogue » .

Dans le courant de l’année suivante , un accord semble se dessiner pour faire le transfert au Congo des titres de propriétés sur Platarundi ( société de commerce et plantations au Rwanda Urundi) et Géorwanda ( société géologique et minière du Rwanda urunfi) mais il est buté à l’obstination belge de reconnaître les droits gelés subrepticement au Congo , à la veille de son indépendance sur la Sabena , la Forminière ( société internationale forestière et minière du congo) , la Sominki ( société minière de Kilo Moto) , l’ Unatra ( union nationale des transports fluviaux) ainsi que sur des sociétés minières du Kasai , du Luebo et de la Lueta . Le 17 mai 1966 , la Belgique autorise la désignation d’un congolais à la tête du Fonds belgo congolais dont le siège demeure à Bruxelles . Ce revirement ne se fait pas sans contrepartie : La Banque Nationale de Belgique continuera à puiser tous les mois sur les caisses de la Banque Nationale du Congo pour l’alimentation dudit fonds .

Début 1967 . Le président Mobutu assoit progressivement son régime et attribue la propriété exclusive du sol et sous-sol à l’ Etat , décidant en ricochets , la dissolution de l’Union Minière Haut Katanga et invitant fermement les compagnies étrangères ayant des activités au Congo d’y transférer leurs sièges . La principale cible de cette décision est la flamboyante Société Générale . Bruxelles entre dans une ire et dépêche à Kinshasa , son ministre des affaires étrangères , Pierre Harmel que Mobutu refuse énergiquement de recevoir . Le ton monte mais la Belgique joue la prudence , les intérêts dans l’ancienne colonie sont colossaux .

1971 . Mobutu lance le concept des « 3Z » , Zaïre devient le nom du pays , de la monnaie et du majestueux fleuve , épine dorsale de ce sous continent , tournant définitivement la page obscure du Congo post indépendance . L’homme du 24 novembre ne s’arrête pas au cosmétique , il veut un profond changement du « citoyen zaïrois » face à l’aliénation psycho sociale emmenée par les colons , la politique de retour à l’authenticité est lancée , l’ Eglise Catholique n’ a plus droit de cité . Bruxelles aboie , sans plus …

1973. Devenu dans la foulée de l’ authenticité , Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga , il prendra la décision la plus dommageable pour son régime , au regard du rétroviseur de l’ Histoire : la « zaïrianisation » , nationalisation forcée de la majorité des entreprises appartenant aux étrangers et partagées entre caciques du régime et membres de sa cour . La Belgique proteste énergiquement et le maître de Kinshasa suspend « provisoirement » le traité d’amitié liant les deux Etats . Parallèlement à cette décision , véritable hara kiri du Parti Etat , Mobutu applique fidèlement le principe « un régime , deux politiques » de l’ancien premier camarade communiste de Beijing , Deng Xiaoping , en consentant de larges facilités à certaines sociétés belges bien ciblées telles la Société Générale qui obtient le droit de commercialiser le cuivre du Katanga . De ce geste ne se dégage pas une simple faveur mais bien un signe de lézarde de l’establishment « zairianisé » . En effet , les nouveaux « chefs d’entreprise » dont la plupart n’ont aucune notion managériale , ont sérieusement écrémé les entreprises gracieusement héritées des « étrangers » , les précipitant en des délais records dans le gouffre du dépôt de bilan et drainant la jeune et prometteuse économie zaïroise dans un désastre économique sans précédent .

Le point de non retour


5 mai 1981 . Sans doute ébloui par les travaux pharaoniques du barrage d’Inga , Wilfried Martens , Premier ministre belge , lâchera une des déclarations les plus féeriques d’un homme d’Etat à l’égard du Zaïre : « J’aime ce pays , j’aime ses dirigeants , j’aime sa population ! » , confortant ainsi Mobutu dans sa thèse ‘’ la petite Belgique ne peut se passer du Grand Zaïre’’ , d’ailleurs ‘’ la ville belge d’ Hobocken ne vit elle essentiellement pas du cuivre zaïrois qui y occupe 15000 travailleurs ? ‘’ . Sans doute obnubilé par ce genre de déclarations intéressées, l’ homme de l’ authenticité pensera donc par le biais des accords commerciaux bilatéraux Zaïre Belgique , détenir l’ anneau de Gygès , anneau qui selon la mythologie grecque conférait à son détenteur une impunité sans faille , et se mettra à pérorer sur la ‘’ petite Belgique’’ en menaçant de façon récurrente ses intérêts au Congo . Il sera vite désillusionné. En l’absence d’un retour de manivelle conséquent de la classe politique belge pour la plus grande partie ankylosée à coup de franc belge et de zaïre monnaie par le Parti Etat , face aux sempiternelles provocations de Mobutu , la presse belge prendra ses responsabilités en tant que quatrième pouvoir et avec un patriotisme étonnant dans ce royaume plat de bisbrouilles communautaires intermittents fera de Mobutu et ses excès vaniteux une de ses cibles de prédilection . La fortune du Président Fondateur est évaluée par les uns à six milliards, neuf pour les autres , ses luxueuses résidences en Belgique , Suisse , France et autres pour la première fois révélées au grand public , ses réceptions fastueuses en Europe passées au crible d’une évaluation digne des cabinets d’audit les plus réputés . Un vrai pavé dans la marre , Mobutu étant ouvertement accusé de détourner l’aide au développement au détriment de la population zaïroise croupissant dans la misère la plus noire .

Novembre 1988 . Acculé et froissé par les révélations de la presse belge, Mobutu devenu dans l’entre-temps Maréchal décidera de rouvrir le poussiéreux dossier vieux de plus de trente ans du « contentieux belgo zaïrois » . Bruxelles lui fait remarquer, le 14 janvier 1989 , que de son propre chef , il avait décidé de clore le dossier . Réponse du berger à la bergère de Kinshasa qui dénonce tout le contenu des accords Spaak Tshombe de 1965 , martelant « la fraude corrompt tout. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude pour se faire reconnaître un droit » , exigeant la réouverture du dossier comme préalable à toute négociation avec la Belgique devenue fédérale . Bruxelles refuse clairement, il faudra les bons offices de feu Hassan II , roi du Maroc , pour décrocher un mezzo termine rendu rapidement caduc l’année suivante .

24 avril 1990. Mobutu siffle la fin du monopartisme et déclare ouverte l’ère de transition démocratique , laquelle connaîtra une kyrielle de gouvernements de transition lézardant encore plus l’image déjà ternie du Maréchal Mobutu totalement convaincu d’être la victime d’un complot ourdi par quelques dirigeants belges , Wilfried Martens en tête , lui qui dix ans auparavant fit une tonitruante déclaration d’amour sur le Zaïre et son régime révèle que le ‘’ gouvernement belge ne considère plus comme persona non grata celui qui désormais est appelé « Monsieur Mobutu » par les autorités belges ‘’ .La scabreuse affaire du « massacre des étudiants de Lubumbashi » portera le coup d’estocade aux relations belgo zaïroises agonisantes , Bruxelles accusant Mobutu de violations des droits de l’homme , ce dernier furieux renvoie chez eux les coopérants belges au développement et volontaires , poussant la Belgique à suspendre sa coopération bilatérale … S’en suit la descente aux enfers du régime zaïrois avec la déliquescence de son tissu socio économique après deux mutineries avec pillages , une démonétisation désastreuse du zaire monnaie , un tohu-bohu politique indescriptible et une rébellion armée sans pitié , mettant fin à l’épisode zaïrois . Bruxelles prenant note avec "enchantement" de l'exil de Mobutu .

La diplomatie sabotage téléguidée de Kigali et l’implication personnelle de Louis Michel

17 mai 1997 . A la tête d’un melting pot armé composé essentiellement de soldats rwandais , ougandais , soudanais , angolais et de jeunes congolais recrutés au fil de sa progression vers Kinshasa , Laurent Désiré Kabila devient l’homme fort du pays rebaptisé pour la cause République Démocratique du Congo . La communauté internationale se dit enchantée – La Belgique en premier- de voir l’homme du 24 novembre en exil , et compte énormément sur le nouveau pouvoir pour rétablir un climat de paix et de démocratie , corollaire au développement de l’ ex Zaire agonisant. En état de grâce , le Mzee n’est pas totalement maître de ses mouvements , deux forces centrifuges l’empêchent toute marge de manœuvre : l’omniprésence de ses alliés rwando ougandais qui , se sentant en pays conquis , veulent à tout prix influer sur la scène politique congolaise et piller ses richesses ainsi que tous les engagements contractés pendant la longue marche vers Kinshasa avec d’innombrables et occultes sociétés sur les mines de cuivre , or , diamant et autres , contrats qui pour la plupart ne seront pas respectés . De son côté , la Belgique en toute prudence , jette des ballons de reconnaissance vers le nouveau régime , ces derniers sont superbement ignorés par la diplomatie « sabotage » orchestrée en sous-main par les parrains rwandais devenus méfiants envers Kabila dont Bizima Karaha , chef de la diplomatie congolaise est le bras séculier .

Avril 1998. L’affaire de la saisie d’armes au Consulat belge de Lubumbashi porte un sérieux coup aux relations belgo congolaises si frêles , le gouvernement congolais sous l’influence néfaste des poissons pilotes de Kigali accusant la Belgique « de complot et de terrorisme » …. Quelques mois plus tard , la réaction d’ Erik Derycke , ministre belge des Affaires Etrangères d’alors suite à la guerre d’agression menée par les ex parrains rwandais et ougandais devenus ennemis est sans équivoque : « J’ai de la compréhension pour le Rwanda » . Les poissons pilotes des agresseurs extirpés des salons politiques de Kinshasa , la diplomatie congolaise se remet fébrilement en contact avec l’ancienne métropole où un francophone libéral Louis Michel succède à Erik Derycke , socialiste flamand à la tête de la diplomatie belge , changement qui dans les premiers mois ne bouge pas d’un fifrelin la politique belge de « neutralité bienveillante » qui , en effet , n’est qu’un décor en trompe-l’œil cachant une réelle passivité pour l’agression. La seconde guerre s’enlise , chaque jour la situation socio-économique se détériore … La communauté internationale s’implique dans le règlement du conflit qui a pris des proportions de « première guerre africaine » avec l’entrée en lice de pays tels l’Angola , le Zimbabwe , le Tchad , La Namibie aux côtés de Kabila face au front rwandais , érythréen , soudanais , ougandais et burundais qui par le biais de rébellions cousues de toutes pièces se disputent l’ex Zaire .

La Belgique par l’entremise de Louis Michel avec son leitmotiv qu’il martèle à l’envi telle une méthode Coué « l’optimisme de la volonté face au pessimisme de la raison » tente de démêler de toutes ses forces l’écheveau complexe de ce conflit continental , le mur de glace avec Kinshasa se lézardant de plus en plus , le Mzee devenant de moins en moins méfiant envers la Belgique et le chef de la diplomatie belge défilant de plus en plus dans les couloirs du palais de la Nation à Kinshasa .

Kabila II et la Belgique

16 janvier 2001. Laurent Désiré Kabila est assassiné dans son bureau dans des circonstances encore demeurées mystérieuses à ce jour . Alors que Kinshasa est sous silence radio , Louis Michel est le premier officiel à annoncer la mort du tombeur de Mobutu .Réalisme politique ou coup bas diplomatique ? 48 heures plus tard , il débarque à Kinshasa rencontrer Joseph Kabila , fils de l’illustre disparu désigné chef d’ Etat intérimaire . Une nouvelle impulsion est donnée aux relations belgo congolaises , le jeune président congolais fait un virage à 180 ° de la politique tant intérieure qu’étrangère de son père : quelques jours après son investiture , il entreprend un marathon diplomatique auprès des grandes capitales occidentales qui lui déroulent tapis rouge et l’assurent d’un fort soutien dans son objectif d’ouverture tous azimuts et de cessation des hostilités. La démarche paye rapidement , la communauté internationale pressurise les agresseurs afin qu’ils quittent le Congo , chose faite fin 2003. Sur le plan diplomatique , Louis Michel prend de la bouteille en s’investissant personnellement à la résolution du conflit et persuade le gouvernement belge à rétablir au minimum une coopération sur certains plan ( santé , éducation) bénéfiques pour l’ensemble de la population congolaise , ce qui sera fait , le chef de la diplomatie belge disposant de deux lignes de budget dont une concernant « la prévention des conflits » et l’autre dénommée « diplomatie préventive » . La coopération au développement est graduellement restaurée entre les deux pays .

16 décembre 2002 . L’accord global et inclusif est signé à Pretoria entre les différents belligérants , il scelle la réunification du Congo et met un terme à plus de cinq ans de guerre sans merci dont la véritable victime , le peuple congolais sortira exsangue de plus de trois millions d’hommes et femmes . La Belgique par Louis Michel interposé a joué un rôle de premier plan dans la signature de cet accord qui prévoit l’établissement d’un gouvernement transitoire comprenant tous les ex belligérants , chargé de préparer les élections dans un délai maximum de trois ans . Ce dernier effectif le 30 juin de l’année suivante , recevra l’adoubement de la communauté internationale qui rouvre les robinets financiers longtemps restés à sec . Fin décembre de la même année , la Belgique et le gouvernement transitoire congolais rétablissent une coopération sur les plans militaires et sociaux : l’armée belge s’engage à former des brigades de l’armée congolaise brassée et unifiée , à augmenter le quota d’étudiants congolais à l’ Académie Royale Militaire , au social , elle finance plusieurs projets de développement d’une valeur de plus de 50 millions d’euros .

Karel De Gucht ou la hard diplomacy Versus l'axe francophone: le bicéphalisme belge étalé

Juillet 2004 . Les régionales belges bouleversent les fébriles équilibres du royaume : Le Vlaams Belang ( ex Vlaams Blok) , parti d’extrême droite flamand devient le premier parti en Flandres alors que le parti socialiste francophone ratisse large en Wallonie et à Bruxelles . Résultat des courses , le gouvernement fédéral connaît un remaniement technique , Louis Michel cède son poste ministériel pour un strapontin de commissaire européen sous la direction du portugais Barroso . Au ministère des Affaires Etrangères , Karel De Gucht , ancien président du VLD ( parti libéral flamand du premier ministre Verhofstadt) lui succède . Ce dernier atterrit à la tête de la diplomatie belge juste après avoir soulevé un tollé général quand en juin de la même année en sa qualité de président du VLD , il prit à contre-pied en dernière minute , ses partenaires politiques au niveau fédéral ( MR libéral francophone , PS socialiste francophone) en remettant en question le droit de vote aux étrangers extra européens , causant un profond préjudice à son propre parti lors du scrutin et minant la confiance de ses partenaires fédéraux .

Deux mois plus tard , lors de son premier voyage en Afrique Centrale , il est au cœur d’une polémique quand de Kigali , il fustige « le manque de capacité des hommes politiques congolais » . Un mois plus tard , en marge de la conférence des Chefs d’Etats sur la crise des Grands Lacs , à Dar es Salaam , Joseph Kabila lui rend la monnaie de sa pièce en refusant de le recevoir , ce qui provoque une escalade diplomatique entre les deux pays , Kinshasa rappelant son ambassadeur à Bruxelles et poussant le premier ministre Guy Verhofstadt en personne à jouer au sapeur pompier en apaisant Kabila .

Janvier 2005 . Karel De Gucht révèle le « new look » de la politique étrangère du royaume : « Plus d’Asie ,moins d’Afrique » . Il relègue au rang d’ « humanitaire » la relation avec l’ ancienne colonie , préférant se focaliser sur l’ Asie et son boom économique , « plus profitable » d’après lui . Un mois plus tard , il débarque à Kinshasa avec dans ses valises des « sulfureux dossiers de presse » contenant des biographies douteuses et irréalistes de dirigeants congolais dont le président Kabila , ces dernières se répandent dans les chancelleries , rédactions et salons kinois … L’épreuve de force est évitée de justesse , la confiance dans le vieux couple étant au plus bas une fois de plus , De Gucht en rentrant dans sa Flandres natale charge de nouveau le pouvoir congolais en pointant leur « manque de sérieux » et affirmant froidement s’en rendre compte « au fil des voyages » . De retour d’une entrevue à Washington , en mars de la même avec le secrétaire d’ Etat américain Condolezza Rice , Karel De Gucht tire de nouveau à boulets rouges sur Kinshasa de la tribune du Sénat belge où il est interpellé par la Commission des Relations Extérieures : « Le Congo est un pays raté , ce pays n’ira pas loin avec la direction politique actuelle » dit il . Ces propos ne provoquent qu’une tempête dans un verre d’eau car dans l’entre-temps , le bicéphalisme politique belge se fera voir au grand jour : l’axe francophone fédéral composé principalement par Armand de Decker , ministre libéral à la Coopération au Développement et André Flahaut , ministre socialiste de la Défense inspirés par le désormais commissaire européen , Louis Michel , assure par le biais de fréquentes descentes sur Kinshasa et d’une forte implication dans les différents secteurs de la coopération bilatérale ainsi que dans le processus électoral , « l’attachement » au Congo .

New Deal ?

Décembre 2006 .Les élections générales congolais se sont « assez bien » déroulé d’après l’avis général , Joseph Kabila en sort vainqueur avec plus de 58 % des voix au second tour . Lors de sa prestation de serment , la Belgique est présente avec la plus forte délégation ministérielle du jour conduite par son chef de gouvernement Guy Verhofstadt, les ministres des Affaires étrangères Karel de Gucht , devenu étrangement de moins en moins loquace sur les affaires congolaises , de la Défense, André Flahaut, de la Coopération, Armand De Decker, la secrétaire d'État à la Famille Gisèle Mandaila, le président du parlement wallon José Happart, et la ministre des Relations internationales de la Communauté française, Marie-Dominique Simonet sans oublier le Commissaire européen Louis Michel . Cette descente en force du pouvoir belge toutes tendances confondues est jugée par plus d’un observateur familier des relations belgo congolaises comme un signal fort du retour de la Belgique politique dans sa zone d’influence traditionnelle , la réussite du processus électoral au Congo étant jugée par certains observateurs et hommes politiques avisées dont Armand de Decker comme le point d’orgue et la plus grande réussite de la diplomatie belge depuis plus d’un quart de siècle . Pour parfaire le tableau , en guise de cerise sur le gâteau , une visite royale d’ Albert II en personne , visite qui n’était plus arrivée depuis plus de 20 ans , est même très sérieusement envisagée dans les plus hautes sphères des deux Etats ce qui ne manque pas de mettre sans dessus dessous le landerneau politique belge . Les uns trouvant cette visite royale « prématurée » et porteuse de gages à un Kabila fraîchement élu et n’ayant pas encore fait ses preuves , les autres la définissant comme « un signe d’encouragement » et de total soutien de l’ancienne métropole à un gouvernement légitime dont la tâche est herculéenne . Visite royale ou pas , les relations belgo congolaises , feuilleton ubuesque tournant souvent au burlesque depuis bientôt une moitié de siècle est entrain de connaître un nouveau chapitre dont l’issue est aussi incertaine que les précédents . Espérons au moins que les envolées des dirigeants politiques des deux côtés ne viendront pas ternir cette énième occasion de communion fraternelle , échange incommensurablement riche et intense entre ces peuples exceptionnels liés pour l’éternité .