Congoscope

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mardi, février 19, 2008

Edito : Bush à Kigali , Blair nommé conseiller de Kagame :Kinshasa , où es-tu ?


Photo : Mesdames Blair, Kagame et Bush à l'aéroport International de Kigali le 14/07/2005 .



Le président américain Georges W. Bush a entamé sa tournée d’adieu au continent africain samedi passé par le Bénin . Outre Cotonou , premier hôte du couple présidentiel américain – Laura Bush est du voyage- , Darussalam , Accra , Monrovia et Kigali sont les heureuses élues du dernier périple africain de l’actuel locataire de la Maison Blanche . Une fois de plus , Kinshasa , plus grande mégalopole de la région des Grands Lacs , point névralgique d’un pays grand comme l’Europe Occidentale , bourré de richesses du sol et du sous-sol les unes plus importantes que les autres , a été snobée de ce second et ultime périple continental du « maître du monde libre » .

Alors que ce géant malade a connu avec l’aide majeure de l’Union Européenne ses premières élections libres et démocratiques courant 2006 - élections qui se sont « mieux déroulées » qu’ à Kigali , Lomé , Kampala , Nairobi , Ndjamena- , tente la démocratie tous azimuts et veut redécoller , une visite du président d’un des pays ardent défenseur de la demos kratos mondiale au Congo Démocratique - épithète contrôlé - aurait pu être un signal positif tant pour la propagation de cette dernière sur le continent que pour la reconstruction de la « gâchette africaine » .

Bizarrement depuis que le pays a connu sa première expérience électorale , à Kinshasa , c’est la loi des séries : Albert II , Roi des belges , avait été annoncé , Sarkozy ministre , Sarkozy président l’a été aussi , Lula , le président brésilien fût même programmé en session extraordinaire du parlement pour un discours ! Et maintenant Bush … Un véritable black-out diplomatique .

Il est vrai que la jeune démocratie congolaise a connu ses péripéties : affrontements sanglants de mars passé à Kinshasa , exil forcé du candidat au second tour , violences dans les Kivus .. Cela vaut-il un tel désintéressement ? Les flagrants écarts démocratiques du régime ethnocentrique de Kigali , la gouvernance chaotique de la manne pétrolière tchadienne de Déby , la démocratie des « baïonnettes » de Museveni n’ont pourtant pas empêché pour l’un la visite de Bush , pour l’autre , l’intervention d’un « autre temps » de la France pour sauver son régime moribond et du dernier le soutien inconditionnel de Londres .

Certes certains quidams par optimisme béat , inexpérience géopolitique ou cécité fanatique au pouvoir de Kinshasa diront que tout va bien dans les meilleur des mondes : « le président Kabila est président de la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale) » ou encore « Kouchner est passé récemment et le président turc arrive d’ici peu » … Pour paraphraser Staline : « la CEEAC , combien de divisions ? » . Quel poids continental ou même régional ? Peut-on la comparer à la CEDEAO ou encore à la SADC quand un Déby cloîtré dans son palais de Ndjaména , assailli par des rebelles est obligé de battre le rappel de ces troupes reprises dans la FOMAC (Force multinationale d’Afrique Centrale – branche armée du CEEAC) sans pouvoir compter sur l’ensemble du commandement unifié de cette institution sous-régionale là où la SADC envoyait des troupes sans compter à un Kabila père acculé ! Oui , Kouchner est bien passé au palais de la Nation , l’a-t-on suivi à Kigali ? Il y est apparu plus décontracté que jamais – en col mao comme dirait les kinois - , Kagamé en chemise jeans , rappelant au passage avoir connu Kagamé à l’époque FPR et reconnaissant « la faute politique » française lors du génocide , tout ça dans une atmosphère bon enfant ! La Turquie , elle , qui se débat férocement entre attraction européenne , laïcité et islamisation sociétal possède bien nombre d’atouts économiques mais ne figure pas parmi les poids lourds internationaux à l’instar des cinq as - la Chine , nouveau joker mondial - du Conseil de sécurité . On continue ?

Il se dit que le rais congolais lors de sa dernière entrevue avec Bush dans le bureau ovale , lui aurait susurré à peu près cette phrase qui au demeurant paraît absurde mais est bien pleine de sens et pourrait même figurer dans le recueil de citations politiques célèbres : « Qu’est-ce que le Rwanda a que le Congo ne peut vous donner ? » . En effet , cette phrase – si elle a vraiment été prononcée - symbolise à elle toute seule le rapport de forces actuel entre Kinshasa et Kigali . Révolue l’époque où le Maréchal envoyait Mahélé en renfort à Habyiarimana pour contrer le FPR , aujourd’hui quand Kagame est enrhumé , c’est le Kivu qui tousse , aujourd’hui nous avons à faire à des tutsis « décomplexés » - pour reprendre l’expression sarkozyenne- qui n’hésitent pas à nous appeler « BMW » (Beer ,Money , Women) , aujourd’hui Kigali rigole à gorge déployée de toutes les menaces d’officiels congolais tant elle a battu et rebattu à plate couture nos militaires toutes tendances confondues (ex-FAZ de Mobutu , kadogos du Mzee et FARDC , tous confondus) .

Aujourd’hui malgré la lourde responsabilité du FPR et de son maitre dans la préparation et la planification du génocide rwandais , c’est un défile de têtes couronnées qui se précipite aux pays des mille collines pour saluer « le miracle rwandais » et même Tony Blair , charismatique ancien premier ministre anglais et fondateur du New Labour se permet de devenir conseiller pro deo de Kagame * !

Alors que l’avenir de Bujumbura ou Kigali se discutait à Kinshasa autrefois , aujourd’hui Kigali est devenu le centre de gravité du pouvoir dans l’ex – Congo Belge … Qu’avons-nous fait pour vivre une telle infamie ? La diplomatie congolaise est-elle devenue si aphone que notre vaste territoire ne serait plus qu’un patchwork de régions sous influence de nos voisins ? La nature a horreur du vide dit-on , la politique et la diplomatie encore plus m’a-t-on dit un jour …Le succès diplomatique actuel de Kigali ou Kampala tient en grande partie à l’absence de retour de manivelle de Kinshasa qui , absente des arcanes diplomatiques laisse l’espace à un discours unilatéral . Alors que la Troika (France , Belgique , USA) rouvre avec force ses consulats dans les Kivus que d’ autres qualifient- à tort ou à raison- de prochaines ambassades de la « République des Volcans » , notre diplomatie-cécité souffre de vision et de perspective quand même à l’Union Africaine nous n’avons ni de droit de vote ni droit de parole ! Stanley en son temps, dit un jour « Sans chemin de fer , le Congo ne vaut pas un penny » , nous disons « sans véritable diplomatie , le pari de l’unité du Congo ne vaut pas un penny » . D’où notre cri du cœur : Kinshasa où es-tu ?

Voir http://www.guardian.co.uk/politics/2008/jan/18/rwanda.tonyblair pour les anglophones ou version française voir congoscope.blospot.com


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Blair , conseiller de Kagame



Photo : Blair et Kagame au 10 , Downing Street 5/12/2006


Tony Blair élargit son portefeuille d’activités après le 10 , Downing Street en devenant conseiller sans rémunération du Gouvernement rwandais de Paul Kagame.

Les premières indiscrétions sur la nature des activités de Blair au Rwanda révèlent que ce dernier y a dépêché une équipe forte de trois de ses anciens conseillers au 10 , Downing Street afin d’ analyser les différents secteurs dans lesquels son aide pourrait bénéficier au gouvernement de Kigali .

Impressionné par la façon dont le Rwanda s’est transformé depuis le génocide de 1994 , Blair croit fermement qu’il peut aider à lever des fonds pour le pays . En effet , le pays a le second plus grand indice de croissance du continent mais son budget dépend à moitié de l’aide extérieure .

L’équipe d’avant-garde envoyée sur terrain est composée de Liz Lloyd , son ancienne directrice de cabinet adjoint au n° 10 et spécialiste de l’Afrique , son ancienne secrétaire particulier au n° 10 , Kate Gross ainsi que David Easton , un ancien consultant pour McKinsey ( réputé cabinet de conseil et management) .

L’ancien premier ministre a exprimé son intérêt pour le continent africain quand au pouvoir il mit sur pied la Commission pour l’Afrique et , en 2005 , avec Gordon Brown lors de la présidence britannique du G 8 travailla pour arracher de grandes promesses d’engagement financier pour le continent .

Durant la même année , Chérie sa femme , visita le Rwanda afin d’y voir les plaies de la guerre et a même participé à quelques audiences publiques contre les génocidaires .

Tony Blair a toujours pensé que la bonne gouvernance , la lutte contre la corruption et la viabilité d’un gouvernement sont vitales pour le développement . Depuis qu’il a quitté le pouvoir , Blair a souvent dit qu’il était gêné que le monde n’ai rien fait pendant la guerre civile rwandaise et a rencontré le président Kagame afin de discuter sur les voies et moyens d’une collaboration commune .

Des sources proches de l’ancien premier ministre soulignent que ce poste sera non rémunéré et insistent sur le rôle principal de Tony qui sera simplement d’aider à lever des fonds pour le pays .

De leur côté , les rwandais et le Gouvernement britannique ont déjà mis sur pied un programme afin de cibler les freins à la croissance économique tels le manque de croissance à l’exportation et le rôle du secteur privé .
Les critiques se sont pourtant insurgées dernièrement quand la banque privée américaine JP Morgan a révélé que Tony Blair avait accepté un poste de conseiller hautement rémuneré auprès d’elle .

Traduction de Congoscope.blogspot.com

Article original : http://www.guardian.co.uk/politics/2008/jan/18/rwanda.tonyblair

jeudi, février 07, 2008

Rwanda : Après Bruguière , un juge espagnol resserre l’étau sur Kagame et son régime monolithique

Un juge d'instruction espagnol a émis, mercredi 6 février, quarante mandats d'arrêt à l'encontre d'officiers supérieurs de l'armée rwandaise pour actes de génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et terrorisme commis au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) entre le 1er octobre 1990 et 2002. La justice espagnole avait été saisie, en 2000, par des proches de victimes espagnoles tuées au Rwanda - religieux et humanitaires - et par des organisations rwandaises en exil. Dans son arrêt, le juge Fernando Andreu Merelles se déclare incompétent pour engager des poursuites contre le président rwandais, Paul Kagamé, en raison de son immunité en qualité de chef d'Etat.
Au terme d'un document de 181 pages, le magistrat estime que le Front patriotique rwandais (FPR), mouvement rebelle qui s'est emparé du pouvoir en juillet 1994, mettant ainsi fin au génocide des Tutsis qui avait fait 800 000 victimes, a généré "un véritable règne de la terreur, non seulement par la structure même de cette dictature, mais surtout par la mise en place de structures parallèles responsables de crimes odieux commis contre la population civile, tant nationale qu'étrangère".
Le "point culminant de cette politique" est la politique d'"invasion et de conquête" de la RDC, enclenchée à l'automne 1997, "en compagnie d'autres groupes politico-militaires créés à cet effet" pour réaliser "un immense pillage, en particulier des ressources naturelles précieuses", afin de se "maintenir au pouvoir et d'exercer une domination géostratégique sur la région". Selon le document, sept des officiers visés résideraient à l'étranger, dont le général Karake Karenzi, commandant en second de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) et l'attaché militaire de l'ambassade du Rwanda aux Etats-Unis, Rugumya Gacinya.
Plusieurs de ces officiers font déjà l'objet d'un mandat d'arrêt émis par le juge français Jean-Louis Bruguière, dans le cadre d'une enquête sur l'attentat perpétré contre l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, que le juge espagnol attribue à son tour aux ex-rebelles, aujourd'hui au pouvoir à Kigali. L'ordonnance du juge français avait entraîné, en novembre 2006, la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.

Stéphanie Maupas

* Le titre est de la rédaction