Congoscope

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jeudi, février 07, 2008

Rwanda : Après Bruguière , un juge espagnol resserre l’étau sur Kagame et son régime monolithique

Un juge d'instruction espagnol a émis, mercredi 6 février, quarante mandats d'arrêt à l'encontre d'officiers supérieurs de l'armée rwandaise pour actes de génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et terrorisme commis au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) entre le 1er octobre 1990 et 2002. La justice espagnole avait été saisie, en 2000, par des proches de victimes espagnoles tuées au Rwanda - religieux et humanitaires - et par des organisations rwandaises en exil. Dans son arrêt, le juge Fernando Andreu Merelles se déclare incompétent pour engager des poursuites contre le président rwandais, Paul Kagamé, en raison de son immunité en qualité de chef d'Etat.
Au terme d'un document de 181 pages, le magistrat estime que le Front patriotique rwandais (FPR), mouvement rebelle qui s'est emparé du pouvoir en juillet 1994, mettant ainsi fin au génocide des Tutsis qui avait fait 800 000 victimes, a généré "un véritable règne de la terreur, non seulement par la structure même de cette dictature, mais surtout par la mise en place de structures parallèles responsables de crimes odieux commis contre la population civile, tant nationale qu'étrangère".
Le "point culminant de cette politique" est la politique d'"invasion et de conquête" de la RDC, enclenchée à l'automne 1997, "en compagnie d'autres groupes politico-militaires créés à cet effet" pour réaliser "un immense pillage, en particulier des ressources naturelles précieuses", afin de se "maintenir au pouvoir et d'exercer une domination géostratégique sur la région". Selon le document, sept des officiers visés résideraient à l'étranger, dont le général Karake Karenzi, commandant en second de la Mission des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) et l'attaché militaire de l'ambassade du Rwanda aux Etats-Unis, Rugumya Gacinya.
Plusieurs de ces officiers font déjà l'objet d'un mandat d'arrêt émis par le juge français Jean-Louis Bruguière, dans le cadre d'une enquête sur l'attentat perpétré contre l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, que le juge espagnol attribue à son tour aux ex-rebelles, aujourd'hui au pouvoir à Kigali. L'ordonnance du juge français avait entraîné, en novembre 2006, la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda.

Stéphanie Maupas

* Le titre est de la rédaction